Nous, Jeunes Socialistes, refusons la réforme des retraites telle qu’elle est actuellement en passe d’être imposée par le gouvernement. En effet, le seul résultat de cette réforme sera de nous faire travailler plus longtemps, pour un gain moindre à tous les niveaux : individuel mais aussi collectif, social mais aussi économique. En repoussant l’âge légal de la retraite ou en augmentant la durée de cotisation, e projet du gouvernement revient à vouloir nous faire travailler plus longtemps.Le gouvernement prend soin de dévoiler son projet au compte-goutte, mais une chose est sûre : repousser l’âge de la retraite est une option parfaitement légitime pour M. Sarkozy. Ainsi, Eric Woerth propose un report progressif à 61 puis 63 ans. Pourtant, cet allongement de la durée de travail ne suffirait même pas à résoudre l’équation financière selon le Conseil d’Orientation des Retraites, étant donné que le gouvernement refuse catégoriquement de réfléchir aux ressources à allouer aux systèmes de protections sociales en France. Le seul résultat de cette politique sera de nous faire gagner moins. Pour chacun, cet allongement de la durée de travail aura pour conséquence directe qu’il sera de plus en plus difficile de valider une retraite à temps plein, avec pour conséquence première la baisse du niveau des retraites. En effet, les jeunes entrent de plus en plus tard dans la vie active, avec des parcours de plus en plus précaires, alors que le taux d’emploi des seniors (55-46 ans en 2005) est de 38% seulement. Beaucoup éprouvent déjà des difficultés à valider une retraite à taux plein, qu’en sera-t-il si les exigences augmentent encore ? Cela fera simplement baisser le taux de remplacement entre le salaire (ou plutôt la moyenne des 25 meilleures années dans le privé) et la retraite. Avec cette réforme, l’incertitude quant au futur niveau de retraite sera renforcée, ce qui provoquera éventuellement une hausse de l’épargne individuelle, situation face à laquelle les ménages sont fortement inégaux et qui nuit à la croissance économique. Mais le coût d’un report de l’âge légal ou de la durée de cotisation aura également un coût au niveau collectif. Pour changer véritablement l’âge où les personnes arrêtent de travailler, il faut tenir compte des facteurs qui déterminent l’arrêt du travail : la mauvaise santé, les mauvaises conditions de travail, l’impossibilité de retrouver un poste suite à un licenciement. Sans améliorer le travail par des politiques volontaristes de maintien dans l’emploi et de réduction effective de la pénibilité au travail, un report de l’âge légal de départ à la retraite n’aura que peu d’effets. Dès lors, reporter l’âge de la retraite revient à reporter les coûts sociaux d’une caisse de sécurité sociale vers une autre. Tous les systèmes de sécurité sociale sont interdépendants. Une personne qui ne peut plus travailler à 57 ans aujourd’hui, faute de pouvoir prendre sa retraite, se reporte vers l’assurance chômage. Dans d’autres pays, l’assurance invalidité joue ce rôle. L’amélioration des comptes des caisses de retraites par l’allongement de la durée de travail est donc tout à fait illusoire. Ensuite, on considère actuellement la retraite comme une mise au rebus de personnes qui ne sont qu’un poids pour la société. Les seniors retraités sont souvent actifs dans la société, qu’il s’agisse d’engagements associatifs, politiques, et aussi très souvent d’aide à la famille. Ils créent des richesses, même si celles-ci ne sont pas comptabilisées dans le PIB. Ce n’est pas parce qu’une personne est à la retraite qu’elle devient une charge, un poids inutile pour la société ! Pour les retraites, nous voulons maintenir le droit de partir à 60 ans à la retraites. Nous pensons également qu’il faut tenir compte de la pénibilité au travail. Celle-ci n’est pas facile à mesurer, puisqu’elle évolue en fonction des modes de production. La prime de charbon par exemple ne correspond plus à grand-chose, alors que le stress ou les maladies articulaires ont connu un véritable boom. La pénibilité devrait d’abord être réduite dans les faits, et cela est possible, pour peu d’en avoir la volonté. La marge de manœuvre dans l’amélioration des conditions de travail est encore très importante. Ensuite, certains métiers restent plus usant que d’autre, et il faut pouvoir en tenir compte. Nous sommes également intéressés pour prendre en compte les années de formation dans le calcul de la retraite. Cependant, sans allocation d’autonomie pour les étudiants, cette proposition risque d’être illusoire. Si les années sont validées sans cotisation, cela crée une injustice majeure envers ceux qui n’auront pas pu faire des études faute de soutien financier de la part de la famille. A l’inverse, si les étudiants doivent verser des cotisations mensuelles pour leur future retraite, cela les obligera à accepter des petits boulots, en prenant la place d’autres personnes à faible coût pour l’employeur et en amenuisant les chances de réussite dans les études. La création d’une allocation d’autonomie est donc un préalable nécessaire à la validation des années d’études dans le calcul de la retraites. Plus que jamais, la retraite est une affaire de jeunes. Le gouvernement entend faire accepter progressivement l’allongement de la durée de travail pour ne pas toucher immédiatement des électeurs dans la force de l’âge. Les inégalités actuelles entre les retraités ne sont pas non plus prises en compte, entre une proportion importante de retraités sous le seuil de pauvreté, et une autre catégorie qui devient une cible de choix en tant que consommateurs aisés et disponibles. Ce n’est pas parce que les jeunes s’abstiennent plus et ne sont pas l’électorat principal de la droite au pouvoir, que nous paieront pour leurs réformes !
MJS Nord