Les big brother awards ont fêté leurs dix ans hier en organisant une soirée festive au Théâtre de la belle étoile. Les Big Brother Awards France - Les BBA sont décernés dans de nombreux pays - récompensent chaque année depuis 2000 les personnalités et organisations qui "se sont illustrés par leur mépris de la vie privée et des libertés". Cette année, la liste est particulièrement chargée. et il serait sain et indispensable de connaître leurs noms et ce qui leur vaut d'être distingués en faisant un tour sur le site des Big brother awards : bigbrotherawards.eu.org/
Les membres du jury n’ont eu que l’embarras du choix, tant les prétendants se bousculaient.
And the winners are :
Catégorie Orwell entreprise : BNP Paribas, la Banque Postale, LCL et la Société générale ... comme tous les autres établissements bancaires qui acceptent de couvrir leurs employés qui dénoncent aux services de la Préfecture des clients sans papiers venus à leur guichet.
Mention spéciale Internet :Trident Media Guard & Thierry Lhermitte, l’acteur a investi dans une société privée qui cherche à profiter de la surveillance des internautes autorisée par les mesures de la loi Hadopi.
Catégorie Orwell Novlang : Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur
« Quand l’atmosphère générale est mauvaise, le langage ne saurait rester indemne. » George Orwell,La politique et la langue anglaise, 1946. Créé en 2004, le prix "Novlang" est décerné aux opérations de propagande politique, commerciale, publicitaire, médiatique ou autres ayant pour objet, ou pour effet, d’attenter au droit à la vie privée, d’appeler à moins de libertés, de banaliser la société de surveillance, par leur manipulation du discours sécuritaire, leur stigmatisation de "menaces" opportunistes ou toute autre instrumentalisation du débat public.
Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur aime tellement la vidéosurveillance qu’il a décidé d’en changer le nom, au profit de la "vidéoprotection". Un parfait exemple de novlangue, "simplification de la langue destinée à rendre impossible l’expression des idées subversives et à éviter toute formulation de critique de l’État".
Catégorie : Orwell localités : Christian Estrosi, maire de Nice, connu pour ses aspirations sécuritaires, Estrosi a installé à Nice le plus dense (600 caméras) et le plus cher (7,6 millions d’euros) système de videosurveillance de France. Le plus high-tech aussi avec analyse automatique des images. Rien n’est trop beau pour rassurer ses chers électeurs, sauf peut-être ses nuits de couvre-feu pour mineurs de moins de 13 ans.
Catégorie : Orwell Etat et élus : Eric Besson, ministre de l’Immigration, pour avoir durci les quotas d’expulsions, refusé de mettre à l’abri des poursuites les personnes qui aident les migrants, et pour vouloir contourner le juge des libertés afin de bafouer les droits des migrants lors de procédures d’expulsion expéditives.
Les fichiers de l’Education nationale (Xavier Darcos, Luc Chatel) jamais une administration n’avait accumulé en si peu de temps de nouveaux fichiers nominatifs, de Base élèves (dès 3 ans) au "livret de compétences", en passant par ceux qui "décrochent" du système éducatif...
Catégorie : Exécuteurs des basses œuvres : Eric Ciotti, député et président du Conseil général des Alpes-Maritimes, rapporteur de la LOPPSI et porte-flingue du gouvernement pour toutes les questions liées à la sécurité intérieure, Eric Ciotti est aussi le président zélé d’un département qui veut être le premier à supprimer les allocations à une famille en difficulté sociale.
Mention spéciale Médias : Les Infiltrés (F2) et le JT de TF1 - Les journalistes qui font le boulot de la police, par conviction ou complaisance, des journalistes zélés sont toujours là pour souffler sur la braise sécuritaire, amplifier les faits divers pour servir le politique, pour emprunter des méthodes policières ou même collaborer ouvertement avec les services officiels. Six cas d’école : Emmanuel Chain (TF1) - le JT de TF1 - Les Infiltrés - France 3 - M6 - Le Figaro.
Catégorie : Mention spéciale fichiers : Alex Türk, président de la CNIL [Prix Spécial du Jury 2000-2010.] Pour tromperie et dissimulation. Alex Türk endosse les habits du défenseur tout terrain de la vie privée et des libertés alors qu’il en est parfois le fossoyeur et souvent le facilitateur.
Les BBA décerne également le Prix Voltaire : Prix de la vigilance citoyenne qui récompense des personnes, des collectifs ou des projets qui, en luttant et manifestant contre la surveillance arbitraire des individus, se sont engagées de façon exemplaire pour informer le public sur les dérives du traitement automatisé et de l’arme technologique.
And the winner is :
Pièces et main d’œuvre, ce collectif créé à Grenoble, fort d’un minutieux travail d’information sur les relents totalitaires des techno-sciences, est parvenu, avec des moyens rudimentaires, à contrer avec éclat la campagne d’acceptation des nanotechnologies organisée fin 2009 par le gouvernement via la "Commission du débat public" (CNDP).
Personne ne s’étonnera qu’à l’exception des lauréats du prix Voltaire, personne ne soit venu chercher son trophée !
Les membres du jury :
Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature
Véronique Decker, directrice d’école, Collectif national de résistance à Base élèves
Gaëlle Krikorian, sociologue, membre d’Act Up Paris, de La Barbe, des Tumultueuses et Cette France-là
Agnes Mel, assistante sociale, Mouvement Antidélation
Francis Mizio, auteur, écrivain
Jean-Pierre Petit, Souriez vous êtes filmés
Maurice Rajsfus, fondateur de l’Observatoire des Libertés publiques (Que fait la police ?)
Sylvia Preuss-Laussinotte, juriste, Groupe d’information et de soutien aux immigrés (Gisti)
François Sauterey, Réseau
associatif et syndical, Collectif Non a Edvige
Thomas Sauvadet, sociologue