A.D. 2028. Des policières de la brigade spéciale AMP combattent une créature de cauchemar dans Tokyo ; l’une d’elles, Katsumi Liqueur, se souvient où elle a vu ce monstre pour la première fois… A.D. 2024 : Katsumi Liqueur, citoyenne américaine d’Hawaï, arrive à Tokyo pour visiter sa mère Fuyuka à l’hôpital. Son taxi pris dans les embouteillages, elle continue à pied et prend un raccourci. Mais elle est arrêtée par une femme avec un uniforme de police comme elle n’en a jamais vu. Avant qu’elle ait pu protester, une horreur sans nom surgit littéralement du mur et les attaque. Alors que la policière abat la chose, Katsumi s’évanouit de frayeur… Lorsqu’elle se réveille, elle reconnait la femme qui l’a arrêtée et voit qu’elle est accompagnée d’une autre vêtue d’un kimono traditionnel : alors qu’elles commencent à l’interroger pour savoir comment Katsumi avait pu passer au travers de ce qu’elles appellent une « barrière spirituelle », une troisième fait son apparition en se présentant sous le nom de Rally Cheyenne. Celle-ci, qui semble être la supérieure des deux autres, dit à Katsumi qu’elle l’attendait, pourtant elles ne se sont jamais rencontrées. Cheyenne demande à Katsumi de les aider à combattre les créatures surnaturelles appelées Lucifer Hawks mais, ne croyant pas à la magie, Katsumi refuse…
Avec une réalisation de très bonne facture qui présente le début de Silent Möbius de manière originale et inattendue, ce film a pour principal défaut d’être un peu court : l’ambiance de magie et de surnaturel propre à ce titre y est toutefois exposée fidèlement avec ce qu’il faut d’effets pyrotechniques et de cadrages inhabituels pour accrocher le spectateur dés les premières images.
Les chara designs sont très retravaillés et s’éloignent assez de la version originale en présentant les personnages sous un aspect plus « réaliste » que dans la version télévisée plus récente alors que les diverses mécaniques restent fidèles au manga de départ. On notera une forte influence de Blade Runner dans les scènes de rue où évoluent des personnages aux allures souvent bizarres, presque hors de propos et un peu trop futuristes dans cet avenir quasi-immédiat. La majorité des scènes se déroulent de nuit et proposent un éclairage et une ambiance à la fois sophistiqués et très bien maîtrisés qui contribuent pour beaucoup à rendre l’atmosphère si particulière de Silent Möbius. Les designs des Lucifer Hawks, très élaborés, constituent le principal intérêt stylistique du film et bénéficient d’une animation soignée ainsi que d’une ambiance sonore très réussie qui joue énormément dans leur aura surnaturelle et inhumaine aux accents lovecraftiens. Mis à part une scène de douche qui frise un peu avec le fan service, il n’y a rien de racoleur dans ce film qui est un exemple de finesse et de subtilité dans les images comme dans la narration.
On ne peut que regretter la décision d’Asamiya de refuser l’achèvement de l’adaptation de son œuvre sur ce format car on aurait eu là une série de films de très bonne qualité qui aurait certainement compté parmi les plus réussies de l’animation nippone ; si cette production et son unique suite restèrent longtemps très difficiles à se procurer, Bandai Entertainment les réédita toutes deux en 2008 – mais seulement aux USA à ce jour – en permettant ainsi aux fans de longue date de se replonger dans ces réalisations exceptionnelles tant dans leur thème que dans leur facture. L’audience française se consolera avec la série TV qui est à la fois non seulement complète mais aussi bien disponible sur notre sol…
Notes :
Ce film est la toute première adaptation, sur grand écran, du manga éponyme de Kia Asamiya (également créateur du manga Nadesico) : une série de films était prévue mais, déçu par ces premières adaptations, Asamiya s’opposa à la réalisation des suivants et seuls deux longs-métrages furent produits.
Une autre adaptation, en série TV de 26 épisodes, fut réalisée en 1998 ; elle fut éditée en France par Déclic Images, d’abord en VOSTF uniquement puis en VO/VF (édition collector 8 DVD ; env. 20 € neuf).
Silent Möbius: The Motion Picture, Michitaka Kikuchi, 1991
Bandai Entertainment, 2008
54 minutes, pas d’édition française à ce jour
Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka