Mais une fois les tests concluants, les responsables du projet veulent mettre les cobayes au rebut. Pour Roseanne, l’instructrice qui a appris à les aimer, cette décision est inacceptable. Alors elle leur donne une chance de retrouver leur liberté. Poursuivis par l’armée, les trois animaux se retrouvent dans un monde où leur apparence fait d’eux des monstres, un monde où leur instinct et leur entraînement les rendent aussi dangereux que leurs poursuivants… mais un monde où quelque part existe cette chose qui s’appelle « maison ».
Ce n’est pas tant que ce récit propose quelque chose de nouveau dans le thème mais plutôt dans la facture. Si le sujet des expérimentations militaires sur des « gens » innocents est pour le moins banal et bien assez convenu, il prend ici une tournure inattendue et d’autant plus bienvenue qu’elle est menée avec un immense talent, à la fois sur le plan narratif et sur le plan graphique.
C’est donc, et malgré tout le paradoxe que porte le sujet de départ, une histoire humaine, c’est-à-dire profondément émotionnelle – car basée sur des ressentis au lieu d’idées – et effectivement
Il ne faut pas pour autant s’égarer à faire dire aux auteurs de WE3 ce qu’ils ne disent pas, à savoir que la frontière entre les humains et les animaux est plus mince qu’on le croit souvent – comme l’ont bien démontré du reste les conclusions récentes de recherches scientifiques – car tous les événements présentés dans cette histoire ne sont que les conséquences logiques de la dégénération aussi brutale qu’inattendue d’une situation pour le moins explosive au départ. Mais une dégénération qui reste néanmoins le fruit d’une intervention humaine.
Mené tambour battant par un tandem d’auteurs qui s’est affirmé depuis longtemps comme un nouveau maître de la narration graphique, WE3 est une de ces perles crève-cœur à découvrir de toute urgence.
WE3, Grant Morrison & Frank Quitely, 2004-2005
Panini Editions, collection Vertigo Graphic Novel, janvier 2007
104 pages, env. 17 €, ISBN : 978-2-84538879-6