Frank Frazetta (1928-2010)

Publié le 12 mai 2010 par Ledinobleu

C’est avant-hier, lundi, que Frank Frazetta a fini par croiser le chemin du Death Dealer, qui reste à ce jour une de ses œuvres les plus célèbres et dont vous trouverez une reproduction ci-contre.

Né à Brooklyn en 1928, il intégra l’Académie des Beaux-Arts à 8 ans et perfectionna son art sous la tutelle de Michael Falanga qui, époustouflé par le talent de son élève, rêvait de l’envoyer étudier en Europe. Mais quand l’Académie ferma, c’est à l’âge de 16 ans à peine qu’il dut gagner sa vie. Ainsi, Frazetta commença à travailler dans l’industrie du comics, d’abord comme assistant de John Giunta sur la série Snowman, puis sur des titres de divers genres tels que westerns, fantasy, policiers… Le début des années 50 le vit produire pour des éditeurs comme EC Comics ou National Comics, entre autres, seul ou bien en duo avec d’autres créateurs parfois de renom – dont la série mythique Flash Gordon, en collaboration avec Dan Barry lui-même. Il eut aussi son propre comic strip, Johnny Comet, de 1952 à 1953.

Mais c’est en 1962 qu’il commença cette carrière d’illustrateur qui allait le rendre célèbre en le plaçant aux côtés des plus grands noms du domaine, tels que Frank Kelly Freas ou Virgil Finlay. Tout en dessinant pour des publications comme Playboy, il fit de nombreuses illustrations pour les comics Buck Rogers (1) et les magazines Creepy, Eerie et Vampirella, ou encore pour des séries de romans d’Edgar Rice Burroughs telles que Tarzan et John Carter ; mais c’est surtout son travail sur Conan le Barbare qui reste célèbre pour avoir redéfini la représentation du genre heroic fantasy, au point d’avoir eu une influence peu discutable sur des générations d’artistes suivantes. Autant de travaux où son immense talent prit toute sa mesure à travers une maîtrise époustouflante de la peinture dans les rendus de paysages et de personnages au sein de mondes et d’âges imaginaires…

Son net penchant pour les héros musclés et les dames aux formes suggestives fit de ses travaux les candidats tout désignés pour illustrer les couvertures d’albums d’heavy metal tels que Flirtin’ With Disaster de Molly Hatchet ou bien Expect No Mercy de Nazareth, ou encore Hard Attack de Dust. Il collabora aussi très activement au film Tygra, la Glace et le Feu de Ralph Bakshi, sorti en 1983, pour lequel il créa de nombreux personnages et échafauda la plus grande partie de l’histoire. Sa peinture Death Dealer, évoquée au début de ce billet, connut un grand succès et devint une icône très populaire chez son public, au point de voir son personnage lui-même romancé, et notamment dans le film Tygra… déjà cité.

Son recueil The Fantastic Art of Frank Frazetta, en cinq volumes, s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires dans le monde ; en novembre dernier, le magazine en ligne Wired annonça que sa couverture pour Conan le Conquérant, publiée par Lancer Books en 1967, fut vendue pour un million de dollars à un acquéreur anonyme, ce qui démontre bien que l’admiration suscitée par l’œuvre de Frazetta demeure intacte longtemps après que son auteur ait cessé de produire à un rythme soutenu – entre autres problèmes de santé, une thyroïde mal soignée mais surtout une série d’attaques cardiaques l’avait laissé très diminué.

C’est la dernière de ces attaques qui a emporté Frank Frazetta lundi matin, à l’hôpital de Fort Myers, en Floride : la crise s’était déclarée la veille en début de soirée alors qu’il rentrait d’un diner de Fête des Mères avec ses proches. Il laisse derrière lui une œuvre immense, qui enchante encore des millions de gens à travers le monde – des lecteurs de fantastique et de fantasy aux fans de comics et de BD en passant par les adeptes de jeux de rôle – mais qui inspira aussi d’innombrables créateurs – du cinéma et du jeu vidéo comme de la BD ou du rock.

(1) voir un spécimen sur le site Comics.org.