Dans cette galaxie qui fourmille de mondes pacifiques, l’Empire Abh surgit soudain pour imposer son ordre. Ainsi, le père de Jinto « vendit » son monde aux Abhs en échange de la noblesse, et son fils doit maintenant suivre l’éducation qui convient à son rang : à cet effet, il est confié à une jeune Abh, Lafiel, chargée de l’escorter au sein de l’Empire. Comme tous les Abhs, cette jeune fille très belle et d’un âge indéterminable est un peu froide et hautaine. Il apprend vite qu’elle est héritière de l’Empire… Mais pendant leur voyage, une planète se rebelle contre l’autorité Abh et rallie à sa cause de nombreux autres mondes : soudain, la guerre menace toute la galaxie alors que Lafiel et Jinto doivent fuir. Au cours de leur périple vers la capitale Abh, chacun d’eux apprendra à découvrir la culture de l’autre…
Tirée d’une série de romans de science-fiction écris par Hiroyuki Morioka, Crest of the Stars est la première mouture d’une franchise qui eut assez de succès pour engendrer trois séquelles (la série des Banner of the Stars) et une préquelle (Lost Chapter of the Stars – Birth) ainsi qu’une adaptation en manga et un film de compilation. Si le succès commercial n’est pas forcément un critère de qualité, Crest of the Stars fait néanmoins partie de ces productions qui ont un charme indéniable en plus d’une très bonne facture, comme nous y a habitué Sunrise. Héritier des classiques de la science-fiction des années 40, cette production est un pur space opera comme on en voit plus assez. Mais que le synopsis ci-dessus ne vous trompe pas car c’est bien une histoire humaine où deux jeunes gens issus de cultures très différentes apprendront à se connaître et à découvrir la civilisation de l’autre. Ainsi, Jinto comprendra vite que sa compagne d’infortune est loin d’être aussi froide et hautaine que leur premier contact le laissait paraître.
En dépit de ce que peut laisser penser le prologue du tout premier épisode, Crest of the Stars est plus axé sur les relations entre les deux personnages principaux que sur l’action pure et simple, même si on aura droit à quelques scènes assez mémorables dans ce domaine. Le premier tiers introduit d’abord Jinto et la manière dont son père l’abandonne en même temps que leur monde ; puis Lafiel dont le statut de princesse de l’Empire Abh fait d’elle une « parente des étoiles » mais aussi une « enfant de l’amour » car les pratiques génétiques de sa race n’ont pas empêché ses parents de mêler leur semence comme symbole de leurs sentiments l’un pour l’autre. Puis les événements s’emballent en un crescendo spectaculaire où le spectateur découvrira des personnages hauts en couleurs qui démontrent bien qu’il y a quelque chose de pourri dans l’Empire Abh, mais pas forcément ce qu’on croit…
Quant aux Abhs, cette race aux traits fins et à la peau pâle, qui bénéficie d’une longévité surprenante et dont le sens de l’honneur chevaleresque confine parfois à la caricature, elle ne va pas sans rappeler les elfes des mythologies nordiques : ainsi, Crest of the Stars devient une science-fiction qui flirte adroitement avec la fantasy sans pour autant tomber dans les poncifs du genre. Pas de quête impossible ni de manichéisme simpliste, juste deux jeunes gens un peu naïfs, certes, mais pas stupides, loin de là : apprenant à compter l’un sur l’autre, ils sauront se tirer de situations difficiles tout en comblant peu à peu le fossé culturel qui les sépare.
Il y a quelque chose de The Super Dimension Fortress Macross dans Crest of the Stars, que ce soit dans l’origine des Abhs – qui a sa particularité – comme dans le concept du choc des cultures – qui est ici présenté avec adresse. On y trouvera aussi une légère influence de Legend of Galactic Heroes pour les intrigues politiques et les complots en tous genres. Si Crest of the Stars n’est pas un chef-d’œuvre, le savoir-faire des réalisateurs est néanmoins la garantie d’une expérience heureuse pour le spectateur qui aura du mal à décrocher de l’histoire, des personnages, des designs… Même le langage des Abhs, aux sonorités envoutantes, a été créé de toutes pièces et joue un rôle important dans l’ambiance, notamment durant les prologues de plusieurs épisodes mais aussi, surtout, dans la conclusion de la série qui laisse penser que cette histoire eut de profondes répercussions sur les événements historiques à venir dans cet univers.
De longueur idéale, cette courte série de 13 épisodes prend son temps pour présenter les événements comme il faut : avec humour et légèreté mais aussi avec assez de tragédie pour qu’on apprécie les divers personnages sans pour autant tomber dans le larmoyant facile et lourdaud. Un compromis efficace, par moments à la limite de l’explosif, et qui ne laisse pas indifférent même si on se demande un peu où le scénario veut en venir vers le milieu de la narration. Mais celle-ci reprendra vite le dessus car chaque épisode est d’une concision surprenante et agréable, s’adressant ainsi au spectateur averti qui n’a pas besoin qu’on lui répète les choses deux fois…
De quoi passer une très bonne soirée, mais de préférence entre fans d’animes même si les férus de science-fiction y trouveront leur compte pour peu qu’ils ne se montrent pas trop exigeants.
Crest of the Stars (Seikai no Monshou), Yasuchika Nagaoka, 1999
Beez, 2008
13 épisodes, env. 40 € l’intégrale 5 DVD
- d’autres avis : Animint, CitronFraise
- la fiche de la série chez Beez
Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka