La Grande anthologie de la science-fiction

Publié le 19 mai 2010 par Ledinobleu

La Grande anthologie de la science-fiction fait partie de ces initiatives des plus grands spécialistes du genre pour promouvoir celui-ci auprès d’un public profane à une époque où il était encore très mal connu. Si on ne peut affirmer avec certitude qu’ils ont réussi, les échos qui concernent cette anthologie sur les forums spécialisés du genre laissent néanmoins penser qu’elle a en tous cas laissé une empreinte indélébile auprès de la communauté – toujours restreinte – des lecteurs de science-fiction.

Il faut dire que le travail des anthologistes est colossal, réunissant plus de 30 volumes, chacun classé par thème, qui présentent les textes les plus représentatifs des plus de 3 000 qui ont été lus pour composer cette série. Et encore, ce chiffre ne concerne que les volumes parus de 1974 à 1976, c’est-à-dire une douzaine seulement sur un total de titres qui avait plus que triplé moins de dix ans après… Ce qui laisse penser que cette collection a au moins eu le succès commercial qu’elle méritait.

Ce n’est pas si étonnant que ça non plus puisqu’en rassemblant ainsi les meilleurs textes de la science-fiction anglo-saxonne depuis la fin des années 30 au début des années 60, les auteurs ont mis toutes les chances de leur côté : faire côtoyer des noms aussi illustres qu’Asimov, Heinlein, Clarke, Van Vogt, Simak, Pohl, Sturgeon, Brown, Anderson, Sheckley, Matheson, Leiber, Silverberg, Bradbury – et j’en oublie – avec d’autres moins connus mais néanmoins tout aussi talentueux, était bien évidemment un gage de succès.

Assorti d’un dictionnaire des auteurs, qui présentait une biographie des personnalités présentes au sommaire, chaque volume s’articulait autour d’un thème précis du genre. Extraterrestres, robots, mutants, planètes, voyages dans l’espace, dans le temps,… Et même des sujets plus « abstraits » tels que demain, l’écologie, Dieu, la quatrième dimension, les mirages, les catastrophes, les sociétés futures,… Un tour d’horizon complet où chaque texte se plaçait dans la continuité du précédent en explorant le thème sur une idée différente ou bien en en proposant une évolution.

Bien sûr, 35 après, l’ensemble a pris de l’âge. Mais parce que la science-fiction est un genre en constante évolution, il est souvent difficile d’y rentrer sans passer par ce que j’appellerais une sorte d’apprentissage progressif, une exploration des fondamentaux qui seuls permettent de bien cerner les tenants et les aboutissants du domaine à travers des productions au charme certes suranné mais néanmoins fondatrices. Ou bien on prend le risque d’arriver au beau milieu de la fête sans trop savoir ce qu’on y fait…

La Grande anthologie de la science-fiction tient ce rôle : celui d’une porte d’entrée dans un genre tout à fait particulier qui a bien plus évolué à lui tout seul en à peine un peu plus d’un siècle d’existence que n’importe quel autre depuis dix fois ce temps. Parce que la science-fiction se base sur des concepts techno-scientifiques qui apportent sans cesse des idées nouvelles, les modèles sociétaux et narratifs qu’elle propose changent tout aussi radicalement, parfois à des intervalles de temps très courts.

De sorte que s’il n’est pas toujours facile de suivre ce mouvement perpétuel, il est tout aussi assurément bien plus difficile de prendre un tel train en marche. Et comme il n’est pas vraiment plus aisé de lire un par un les classiques du genre afin de s’en faire une idée précise, alors une collection comme La Grande anthologie… devient vite un instrument indispensable.

La Grande anthologie de la science-fiction
Le Livre de Poche, collection SF n° 3763 à 3787 & 3811 à 3821, 1974-2001
38 volumes (dont deux hors-série), env. 1 à 5 € le volume (occasions seulement)

- introduction à l’anthologie, par Gérard Klein
- liste des volumes, avec leur titre
- les préfaces des volumes principaux