Personne ne savait non plus comment s’appelait l’artisan qui l’avait forgée, et pour cause : l’épée n’était qu’une arme comme les autres.
Elle connut un destin unique pourtant…
Brandie par de nombreux guerriers émérites, elle vit bien des combats et des champs de bataille, au cours desquels elle baigna dans bien trop de haine et de sang pour demeurer une simple épée.
Peut-être parce que le spectre de la guerre finit par la posséder, elle gagna sa propre âme. Une âme de chaos et de mort, démoniaque et avide d’autres âmes. Des âmes qu’elle collectait au cours d’autres guerres tout aussi innombrables, jusqu’à ce que son âme à elle devienne si forte qu’aucun de ceux qui empoignaient sa garde ne pouvaient plus échapper à sa domination ; leur raison abolie par la malédiction de l’épée, ces esclaves se jetaient dans tous les combats qui s’offraient à eux, en accroissant ainsi le pouvoir de l’arme à chaque fois qu’elle dévorait l’essence vitale d’une de leurs victimes. Son aura devenait si forte, si chatoyante, si hypnotique, que même la mort de son porteur ne lui importait plus : un autre finissait toujours par se présenter à elle pour se faire posséder à son tour et l’amener vers d’autres batailles où elle trouvait toujours plus de victimes à consumer…
Ainsi, et bien malgré elle, l’épée se forgea un nom : si son porteur restait toujours anonyme, elle, par contre, devint une légende. Certains l’appelaient « l’Épée du Pouvoir » ou bien « l’Épée des Héros« , d’autres « l’Épée de la Rédemption » ou encore « l’Épée Ultime« , mais bien trop peu parmi ceux-là savaient quel était son véritable nom : Soul Edge, « l’Épée Maudite« , qui n’apportait que malheur et désolation.
L’un d’eux s’appelait Algol, Roi Héros d’un empire à présent oublié et dont la volonté à nulle autre pareille parvint à mater la domination de l’épée. Avec le pouvoir de Soul Edge, Algol devint un souverain généreux et juste qui fit longtemps prospérer son royaume. Quant aux monarques voisins avides de conquête, la simple pensée qu’ils auraient à combattre Soul Edge les paralysait de terreur, de sorte qu’Algol ne craignait ni pour ses terres, ni pour ses citoyens, et tous vivaient heureux.
Alors, bien sûr, la menace frappa de l’intérieur même du royaume d’Algol.
Son propre fils, Arcturus, à l’âme faible, jaloux du pouvoir et du prestige d’Algol, et sachant très bien que le roi les devait tous deux à Soul Edge, ou peut-être bien parce que Soul Edge elle-même lui en avait insufflé le besoin pressant, Arcturus vola l’épée pour s’approprier sa puissance, et tomba au même instant sous son emprise. Dément, possédé et maudit, il se livra à des carnages d’une fureur indicible pour étancher la soif d’une Soul Edge affamée par de longues années de diète forcée. Jusqu’à ce que son propre père parvienne à le vaincre dans un combat désespéré qui s’acheva par la mort d’Arcturus. L’épée maudite disparut après cette bataille mais Algol savait qu’elle reviendrait tôt ou tard : accablé de remords, il fit le serment de venger son fils en se servant de fragments purifiés de Soul Edge pour forger, avec le concours de sages, une autre arme capable de contrecarrer l’épée maléfique ; l’entreprise fut longue et laborieuse, jalonnée d’échecs jusqu’à ce qu’Algol accepte l’ultime sacrifice pour donner corps à cette nouvelle épée : Soul Calibur.
Soul Calibur, « l’Épée Spirituelle« , dont l’existence resta un secret bien mieux gardé que celui de Soul Edge. Soul Calibur, « l’Épée Sacrée« , seule capable de sceller à jamais le pouvoir maudit de Soul Edge. Soul Calibur, « l’Épée Sainte« , qui ne se révélerait au monde que pour contrer le Mal…
Mais, peut-être à cause de ce remord qui torturait encore l’âme d’Algol à l’intérieur de l’épée, Soul Calibur demeurait étrangement proche de Soul Edge en nature. Il fallut bien longtemps et de nombreux rituels de purification pour que les mages de la tribu qui se vit confiée l’épée sainte parviennent enfin à sceller l’âme du Roi Héros et sa soif de pouvoir pour les siècles à venir…
Le temps reprit son cours. Les millénaires passèrent. La légende devint mythe. Et plus personne se souvint des épées.
L’Antiquité laissa place au Moyen-Âge, et celui-ci à la Renaissance. Un marchand d’armes du nom de Vercci eut vent d’une épée fabuleuse qu’il voulut ajouter à sa collection personnelle d’objets rares, mais ses recherches restèrent vaines pendant de longues années. Alors il requit les services de quelques mercenaires, dont celle de Cervantes de Leon, un pirate dont le père avait longtemps servi la couronne espagnole avant de tomber sous les canons d’un navire anglais en laissant son fils dévasté et sans plus aucune illusion quant aux fruits de l’allégeance donnée aux puissants ; depuis, Cervantes écumait les mers pour son propre compte. Vercci le connaissait bien pour lui avoir fourni l’artillerie de son navire, et Cervantes finit par accepter sa proposition.
Après un an de recherches, il entendit parler d’un marchand d’antiquités dont le catalogue proposait un « article étrange » : convaincu que le reste de la cargaison du navire le dédommagerait largement de sa peine même si cet objet n’était pas Soul Edge, il attaqua le bateau… et plus personne n’entendit parler de lui pendant plus de vingt ans.
Suite de l’article (Soul Edge / Soul Blade)
Sommaire :
1. Prologue (le présent billet)
2. Soul Edge / Soul Blade
3. Soulcalbur
4. Soulcalibur II
5. Soulcalibur III
6. Symbolique