Si vous aimez les contes de Noël qui sortent de l’ordinaire, vous auriez tort de rater celui-là : Tokyo Godfathers fait partie de ces animes qui brillent d’entrée de match par l’originalité de leur idée de base, puis par un mélange détonnant d’émotions et d’humour savamment orchestrés à travers un scénario riche et plein de rebondissements.
Le problème des sans-abris est ici abordé avec sobriété mais aussi de manière originale en mettant en scène des personnages délurés et inhabituels, loin des clichés du genre mais qui collent à merveille à l’ambiance dans un Tokyo rarement décrit de façon aussi pertinente et juste. Car cette ville souvent idéalisée par les fans d’animes est après tout une métropole comme une autre, avec ses exclus et ses défavorisés, ses excès et ses lieux communs, ici tous magnifiquement présentés à travers une trame dense qui fait juste ce qu’il faut de concessions pour éviter de basculer dans le « noir », voire le cliché…
La corde sensible y est remuée de manière subtile sans tomber dans le reality-show caricatural, et le comique de situation sait détendre l’atmosphère souvent de manière tout à fait inattendue, voire brutale, mais en tous cas avec une efficacité certaine. Le dernier quart d’heure, proprement monumental, vaut le détour à lui tout seul.
Notes :
Cette production est un remake du film Le Fils du désert (Three Godfathers, 1948) de John Ford.
À peu près à la huitième minute, une scène montre Hana devant un magasin de location de vidéo : on peut y voir des affiches de Millennium Actress et de Perfect Blue, les deux premiers films de Satoshi Kon (1963-2010).
Certains personnages mineurs portent le nom de seiyuus (1) célèbres : ainsi peut-on trouver des noms tels que Eriko Kawasaki (ici doublée par Chiyako Shibahara) ou Hidenari Ugaki (doublé par Mitsuru Ogata).
(1) nom donné aux acteurs de doublage au Japon.
Tokyo Godfathers, Satoshi Kon, 2003
Columbia Tristar Home Entertainment, 2004
92 minutes, env. 10 € (édition simple)
Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka