Pop style

Publié le 28 mai 2010 par Mojorisin


La pop est une langue communicant par actualisation, détournement ou encore association. Comme dans un rêve, l’incohérence de l’articulation ne fait que voiler le message. Roland Barthès percevait la mode comme une grammaire par laquelle s’exprimeraient les groupes et les individus, et s’y refléterait leur personnalité. Le Dictionnaire du Look a parfaitement cerné cette « catégorisation » de la mode d’où ressortent beaucoup de personnages au look irréel, presque onirique.

En effet, pour qu’un style soit pop il doit actualiser certains éléments en les ressortant de leur contexte historique, ou encore les détourner en les arrachant de leur contexte symbolique. Selon ces deux axes se dessinent les contours d’une mode qualifiée de « pop » articulée par l’Actualisation et le Détournement.

Actualisation

Le principe de l’actualisation revient à ressusciter une ancienne tendance, en l’adaptant à l’époque dans laquelle celle-ci s’insère. On conserve les grands principes mais on remplace le reste. A ce titre le Néo-Dandysme illustre parfaitement le propos puisqu’il remet au goût du jour un courant datant du 19ème siècle plaçant l'élégance et la finesse au centre de sa doctrine. Cependant en un siècle les choses ont évolué: Le haut de forme a revu ses proportions, les cannes ont disparu, les couleurs fluos sont apparues, comme les lunettes de soleil, et le jean a gagné en noblesse. Mais la volonté d'atteindre le raffinement le plus exquis perpétue une esthétique frivole s’adaptant parfaitement au 21ème siècle.


Le look BCBG procède de la même manière en s’adaptant aux codes esthétiques de son époque mais en conservant son classicisme si caractéristique.


De la même façon une marque ou un produit peut faire un revival et s’intégrer à une configuration différente en changeant ses coloris ou ses collections jugées trop peu en adéquation avec son temps. Fred Perry et lacoste ont sortit de nouveaux produits particulièrement colorés en adéquation avec l’esthétisme contemporain. De même les blousons Teddy tentent actuellement un come back en modifiant légèrement leur design.


La tendance vintage, particulièrement en vogue, procède selon le même principe en réhabilitant un grand nombre de pièces datés.


Détournement

Si l’Actualisation se joue du temps, le Détournement se joue des symboles. Son principe est simple : arracher une marque ou un vêtement de son milieu pour le transporter dans un autres. La fameuse mode du « Lacoste » dans les 90’s en constitue un parfait exemple. De nombreux rappeurs adoptèrent la marque jusqu’alors symbole de la bourgeoisie, et des BCBG, pour afficher leur réussite et parvinrent à l’associer à l’univers de la banlieue, au détriment de la marque qui déplora ce repositionnement marketing involontaire. Celle-ci adopta donc un changement de communication pour retrouver sa clientèle d'origine. Le Hip Hop apprécie ce genre de piratage qui travestit les emblèmes de l'élite.


Le phénomène « sneaker » fonctionne également selon cette logique en associant souvent des tennis fluos à une tenue assez classique. En général aucune sneaker ne foule le moindre terrain de basket ou de foot alors que les baskets s'associent au sport dans l'imaginaire collectif. De cette façon, celles-ci se voient maintenant intégrer au chic et commencent à inspirer de grands couturiers.  


Selon cette logique, la moindre petite entaille symbolique peut engendrer une nouvelle tendance (remonter le col d’un polo, faire ressortir la languette d’une chaussure, porter une veste de costume avec un jean et un T-shirt, un piercing à un endroit précis...). Le Punk et le Hip Hop adoptèrent ce principe comme le support de leur subversion. Les premiers détournèrent bon nombre d'accessoires symboliques de la monarchie comme le drapeau ou le tartan. Les seconds, par exemple, utilisèrent le baggy en référence aux pantalons portés par les prisonniers que l'absence de ceintures rabaissaient au niveau des fesses ou retournèrent leurs casquettes.


Car la finalité des deux logiques diffèrent dans leur intention. L’actualisation envisage la mode comme un processus artistique, et vise le statut d’œuvre contemporaine, alors que le détournement se veut subversif en agissant dans le champs des représentations. 

Cependant, quel est le moteur de cette perpétuelle évolution des formes qui caractérise la Mode ? Oscar Wilde nous en donne un bonne explication :

“Aucun crime n’est vulgaire, mais la vulgarité est un crime. La vulgarité est ce que font les autres.”


Comme toujours, l’enfer c’est les autres. Les démodés aussi.