Je connaissais l'histoire de l'édifice dans ses grandes lignes, mais la présentation fut sans faille, logique, claire, nette et précise ! Il en maitrise l'histoire avec un regard très cartésien sur les mystères et les légendes ! Zappant sur les bondieuseries plus ou moins sans valeur sur lesquelles il ironise, il nous a surtout présenté la face cachée de la basilique : la crypte, le trésor (sur lequel il a un avis très personnel) et surtout son antre : la sacristie.
Quand une grosse clef de l'imposant trousseau eut tourné dans la serrure, la vieille porte s'est ouverte sur une pièce carrée aux murs gris contrastant avec ceux d'une blancheur irréprochable de la nef. Objets éclectiques un peu partout. Vieux fauteuils où étaient posées des nappes blanches brodées, pliées, impeccables, dans l'attente de garnir les autels du prochain office. Vaste buffet encombré de reliquaires variés et d'objets usuels du culte. Encensoirs et ostensoirs négligemment appuyés dans un coin, murs recouvert de pages enluminées encadrées. Dans une grande armoire (comparable par la forme mais sans commune mesure avec celle récemment restaurée à la cathédrale de Toul) sont accrochés derrière une première porte tout un tas d'ossements qu'il a encadrés lui-même, les reliquaires ayant disparu ou été vendus par ses prédécesseurs. Derrière une seconde porte est exposée une chasuble ancienne, quelques objets. Nous n'avons pas tout vu.
Et puis une autre armoire plus modeste, simple penderie. À l'intérieur pas moins d'une bonne cinquantaine de chasubles, plus clinquantes les unes que les autres… qu'il a confectionné lui-même ! Soigneusement suspendues sur des cintres et protégées chacune d'une housse. Il nous a montré sa "garde-robe" comme le ferait un grand couturier présentant sa nouvelle collection. Expliquant chacune… C'est qu'il maitrise les coupons de chez Mondial Tissu ou achetés à Lourdes, la passementerie, le point de tige et l'incrustation de broderies récupéré sur des chasubles anciennes. Il se "vante" avec humour d'être plus beau que la mariée quand il célèbre un mariage dans sa chasuble blanche et argentée qui brille de toute sa pacotille !
Quand quelqu'un s'étonne qu'il n'ait ni ordinateur, ni internet, il lui répond :
Non, je n'ai pas d'ordinateur, et vous, avez-vous une machine à coudre ?
Ben oui, chacun son truc !
Outre sa passion pour la couture et son ministère, Jean-Louis Jacquot a un autre violon d'Ingres : il pratique l'art de l'icône. Le temps à peut-être manqué et ce n'était pas le but de la visite, pour présenter cette facette artistique de ses occupations. Peut-être aussi par modestie et parce que peindre une icône est une démarche spirituelle, très personnelle, qui n'a rien à voir avec mes barbouillages acryliques. Et les deux ou trois icônes qui étaient présentées devant le chœur permettent de dire qu'il ne manque pas de talent. Marie Madeleine Vergnol, une religieuse qui présente parfois ses œuvres lors de nos expositions touloises m'en a fait un jour une explication détaillée qui ne me convaincra cependant pas de l'imiter ! Il me manque la foi. Les iconographes que j'ai connus étaient tous des personnes très religieuses, un peu illuminées ! Notre Mikaël toulois, qui avait séjourné durant une quinzaine d'années dans des monastères grecs, en était un exemple extrême.
Tout cela pour dire que Jean-Louis Jacquot est un personnage original ! J'en suis restée coite et baba !
Au fait, l'os dans le reliquaire de Saint Nicolas, je confirme que ce n'est pas une phalange mais que c'est probablement juste un morceau d'os, sans doute du bras de l'évêque !
Et Saint Nicolas n'a jamais ressuscité trois petits enfants mis au saloir par un méchant boucher, mais sur ce point, je n'ai jamais eu aucun doute !
(Photos du 9 mai 2010)