Elle est revenue la petite balle jaune sur la terre rouge. La baballe à Nadal. Comme tous les ans en mai Roland Garros a ouvert ses portes pour accueillir le fameux tournoi de tennis et depuis 1983, presque trente ans déjà ? Je rêve, les Français attendent - sans vraiment y croire - le successeur de Yannick Noah. Les télés du service public ont braqué leurs caméras sur l'évènement et malheur à ceux qui ne seraient pas intéressés car ils vont en bouffer pendant quinze jours. Pour les autres, les mordus, tout est prévu, si ils doivent s'éloigner de leur poste de TV pour des raisons professionnelles par exemple, la mairie de Paris a installé un écran géant sur la place de l'Hôtel de Ville, de la rue du Temple je l'aperçois de loin.
Shorts ou jupettes courant de droite à gauche ou l'inverse, bras tendus à l'extrême pour tenter en vain de rattraper un passing-shot meurtrier, chutes sur la terre battue qui maculera irrémédiablement les mignonnes petites tenues printanières des joueurs, maillots trempés de sueur si le soleil brille, gradins désertés trempés d'eau s'il pleut, vitesse des aces calculée électroniquement et affichée immédiatement, non pas pour stigmatiser un excès de rapidité comme sur les autoroutes mais pour époustoufler le spectateur béat, toutes ces images sont déjà vues et revues cent fois.
Le dimanche après-midi, après le repas, pour peu qu'un début de canicule frappe l'Hexagone le jour de la finale, quoi de plus plaisant calé dans son fauteuil que de suivre d'un œil semi-éteint la petite balle au son hypnotique, magnifiquement filmée par la télé, pop ! ... pop ! Spectacle parfait à l'heure de la sieste, le temps de quelques sets. Puis, revigoré, se passionner pour le dernier temps de jeu, alors que nous en sommes à 2 sets partout. Il ne nous manquera qu'une balle litigieuse contestée par un McEnroe pour que le spectacle soit parfait. Mais on en reviendrait encore aux années 80.