Cette soirée a connu plusieurs grands moments. J'en retiendrai deux. René De Obaldia, dramaturge, poète, romancier, ami du Moulin d'Andé, 92 ans, est monté sur les planches pour la première fois de sa vie en 2009. Il y a pris goût. Et nous aussi. Quelle mémoire, quel talent de narrateur et, à la lecture de son exobiographie, on a retrouvé le même humour, la même bravoure et la brillante qualité d'un style que je ne saurais qualifier autrement que de panaméen…puisque son père avait ceci de particulier qu'il était originaire du Panama. On en rit encore.
Frédéric Mitterrand — on ne devrait pas lui pardonner d'avoir rejoint Sarkozy si éloigné des belles lettres et des humanités — a magnifiquement lu quelques pages de Jacques Chessex, cet écrivain suisse décédé en octobre 2009 lors d'une causerie autour d'un de ses livres. Pris à partie par un membre de l'auditoire qui l'interpellait sur sa défense de Roman Polanski, Chessex a été foudroyé par un malaise définitif. Le choix de Frédéric Mitterrand s'est porté sur le livre de Chessex intitulé « Le dernier crâne de M. de Sade. » Le ministre de la Culture a certainement beaucoup de défauts mais il a surtout des qualités. Il est érudit, intelligent et sait restituer les textes des auteurs dans la vérité de la langue et du sens.
Avec son émission exceptionnelle, François Busnel a atteint son but : donner envie de lire, encore et toujours à l'image de l'association d'Alexandre Jardin « Lire et faire lire » dont le succès ne se dément pas. Grâce aux centaines de bénévoles (à Val-de-Reuil en particulier) la lecture se développe chez les jeunes scolaires ou non et les élus feraient bien d'encourager la construction de médiathèques et bibliothèques. Je pense au maire de Chanteloup-les-Vignes. Catherine Arenou a l'argent et le terrain pour bâtir le lieu, pas pour faire fonctionner l'équipement. Comme disait Anatol France qui n'est pas mon auteur favori « braves bouquinistes des quais, c'est vous qui avez fait mon éducation intellectuelle. »
(1) Notre président de la République s'est un jour interrogé publiquement sur l'intérêt, pour les jeunes, d'étudier « La princesse de Clèves. » Dominique Blanc, grâce à une pirouette dont elle a le secret, suggère que l'étude de ce texte soit inscrite au chapitre des obligations. Qui a mieux décrit l'amour et la passion que Mme de La Fayette ? Honte à notre président.