Vous trouverez ci-dessous des notes sur l’émission Le Téléphone sonne de France inter du 22 avril 2010.
L’émission associe les témoignages et les réponses des experts.
Invités
- Laurence Pivot, Rédactrice en Chef de l’Express
- Serge Guérin, Sociologue, Professeur à l’Ecole Supérieure de Gestion (en direct au téléphone)
→ Livre : La société aux seniors | De l’Etat-providence à l’Etat accompagnant - Anne-Marie Guillemard, Sociologue, Professeur à l’Université Paris Descartes
→ Livre : Les ouvrages - Pascal Bernard, Vice-Président de l’Association nationale des Directeurs des ressources humaines
Témoignage : contrat aidé – de 26 ans / + 55 ans ?
- SG : Une équipe dirigeante devrait être multi-âges
- AMG : Comment réussir à changer de mentalité ? Passer de la sortie anticipée à l’emploi senior. En France, 58 ans est l’âge effectif de sortie
- Finlande : 57 ans était l’âge de sortie, avec un plan emploi pour les + de 45 ans → 62 ans est désormais l’âge moyen et cela grâce à une politique qui vise la pérennité du parcours, qui prévient les accidents sur ce parcours professionnel.
Témoignage : Etre mieux au travail
- SG : Il est fréquent que les formations ne soient plus proposées après un certain âge, les employeurs cessent d’essayer de développer les compétence, la capacité à changer de leurs salariés plus âgés. Il va falloir réussir à comprendre que désormais nous avons plusieurs vies professionnelles et que les recruteurs cessent de rechercher des clones. Le plan Senior va pousser les entreprise à faire les choses à minima pour éviter les amendes, mais pas à réfléchir sur leur vision du senior dans leurs entreprises.
- LP : Le changement de mentalité est nécessaire. A force de s’entendre dire qu’on est has been, on le croit
Témoignage : l’intervenant ne se sent ni vieux, ni senior, alors quel projet possible ?
- PB : 35 / 45 ans est l’âge merveilleux pour travailler dans notre pays. Ni trop jeune, ni trop vieux. L’entreprise est responsable de l’employabilité, mais elle l’oublie. La stigmatisation est présente partout et y compris dans la publicité. Une société d’intérim pour rendre ses seniors désirables les met en action comme un jeune : le senior joue aussi au tennis…
Au lieu de valoriser les compétences et l’expérience : transmission de compétence – chef de projet… - SG : l’entreprise devait ressembler à son marché. 50% des consommateurs sont des seniors, 1/3 des jeux est acheté par les seniors. Il faut réussir à changer les mentalités, le fait de libérer la place ne fait pas de place pour les jeunes. Le fort taux de chômage des seniors est à rapprocher de celui des jeunes.
Témoignage : Partir à la retraite plus tard…alors qu’au chômage. Pourquoi dire que les seniors sont moins souples, moins adaptables ?
- LP : La catégorie encore plus stigmatisée est celle des femmes seniors. Les seniors sont totalement adaptés aux modes de communication modernes. Ils sont des internautes (3% de moins que les autres catégories d’âge) et acheteurs de technologie. De plus, ils ne sont pas plus cher à former qu’un jeune
- AMG : 61 ans et ½ est l’âge moyen de liquidation de la retraite. A cause des décotes, les personnes attendent un peu, mais sans augmenter le taux d’emploi des seniors cela n’est pas possible pour tous. Plus d’emploi senior permettrait une double dividende pour l’équilibre des régimes de retraites
- PB : Evolution légère, le problème reste les stéréotypes, les idées toutes faites, le désir des recruteurs d’embaucher des clones. Le choix de nos politiques pour les seniors doit s’inspirer des pays nordiques et non pas des pays anglo-saxons. Le label Diversité (incitatif et non répressif) permet de se placer intelligent sur le marché, la stratégie est plus intéressante : elle résulte de la demande de leur public (plus senior, très diversifié) ; elle doit refléter ses clients, ses usagers
- SG : Les seniors sont productifs, technophiles, plus capables dans le domaine relationnel. Ils sont évincés sur des indicateurs d’ultra-productivité. Mais ces derniers sont-ils encore adaptés ?
- LP : Les seniors femmes sont très discriminées alors qu’elles ont des atouts : pas de grossesse, pas d’enfants en bas âge, plus expérimentées
- AMG : Il ne faut pas être sur le combat des stéréotypes, mais démontrer aux entreprises la rentabilité de cette stratégie. En Finlande, les recruteurs ont eu la surprise de voir leur ROI doublé. Les produits inventés, la relation clients…tout cela fait par les seniors pour les seniors se révèle fructueux.
Témoignage : Obliger un quota de + de 50 ans ? Licenciement : pourquoi ne pas faire une amende prenant en compte les cotisations sociales à payer pour atteindre la retraite ?
- SG : l’entreprise contourne ce type de chose en licenciant plus jeune
- PB : la discrimination positive génère toujours des doutes sur les compétences. La logique est d’inciter, de montrer, de démontrer. Les quotas ne sont pas une solution
- AMG : démontrer l’atout. Le quota…n’est pas la bonne manière pour faire tomber les stéréotypes
Témoignage : vendeuse sans emploi. La mentalité des salariés est aussi à changer. Des vendeuses plus jeunes la renvoient à ses petits-enfants, lui indiquent qu’elle vole un emploi à une jeune.
- SG : l’âge est un construit social. Dans la société globale, le vieillissement est moins rapide mais curieusement dans le vie professionnelle, nous vieillissons plus précocement. Les gens s’ »autopoussent » vers la sortie.
- LP : Senior, c’est à partir de 45 ans dans la vie professionnelle. Mais dans la vie publique, à quel âge devient-on vieux ?
- PB : Sur ces questions, l’intervention de l’état, la stratégie d’image pour les plus grandes ne doivent pas cacher que les 2/3 des salariés sont dans les PME, TPE…Ces dernières recrutent uniquement si elles doivent répondre aux commandes. Ces petites entreprises, sans aide, sans mécanisme, n’arriveront pas à embaucher.
- AMG : Le partage du travail est une idée fausse.
- SG : En France, il est d’usage de mépriser les petits boulots, il y a la volonté d’ultra-mécaniser. Certes, nous avons la meilleure productivité horaire sur ceux qui travaillent, mais sur l’ensemble qui ceux qui pourraient travailler…
Témoignage : Pôle Emploi
- LP : Quelques initiatives Pôle Emploi, quelques offres et formations dédiées. Ils essaient de faire changer les employeurs de vision, mais ce changement de mentalité est long
- AMG : Le marché du travail en senior est quasi inexistant, le retour est difficile, les moyens limités…
- SG : Beaucoup d’associations de seniors, de coaching par des plus jeunes pour les seniors…voient le jour, mais c’est long à aboutir
- PB : Le réseau est la solution pour les seniors
- LP : Il faut réussir à trouver des formations pour évoluer / changer de métier.
Témoignage : 57 ans, parcours cadre depuis 27 ans, licencié économique…Il a accepté un poste à 350 km de chez lui avec une baisse de salaire de 40%…Apprécié dans son travail pour son calme et sa capacité à recouvrer des impayés
- Comment un senior peut-il accepter de baisser son salaire alors qu’il a encore des charges ?
- SG : Ce témoignage permet de démontrer que l’expérience est la seule manière d’engranger de la force personnelle, des compétences