La langue de l'autre

Par Gerard

Je me souviens de ce vieil homme rencontré dans la gare de Huê, lors de mon premier séjour au Vietnam. Il ressemblait à l'oncle Ho. Comprenant que nous étions français, il s'était approché de nous afin de nous déclamer de longues tirades de Victor Hugo sur un ton impeccable - ce dont nous aurions été bien incapables. Ce français si longtemps interdit... Je restai stupéfait devant ce paradoxe : le français était la langue envahissante de l'ancien maître, il était aussi la langue de la liberté et de la poésie.