Témoignage sur place - Au coeur d'une Cour d'Assises : La personnalité de l'accusé

Retour sur le procès d'Assises (Voir article précédent) du présumé meurtrier de Prince Tamukwo. Dans notre article précédent, je vous évoquais l'introduction de la séance et le rappel des faits. Après une courte suspension de séance, les débats débutent sur la personnalité de l'accusé. Il est d'usage, au pénal, que la personnalité de l'accusé soit évoquée en premier. Selon la nature de l'infraction, voire du crime dans le cas présent, l'information initiale et les expertises complémentaires sont plus ou moins importantes. En l'espèce, compte tenu de la gravité des faits, cette personnalité, d'abord décrite par l'accusé lui-même sur l'interrogatoire du Président Jean-Draeher, et des parties, sera complêté ultérieurement des témoignages d'une Travailleuse socio-judiciaire (enquête de proximité), de psychologues et psychiatres.
   
La personnalité du mis en accusation

Méhdi Baadache est né à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) le 18 mai 1978, ville où il a toujours vécu, dans un premier temps dans le quartier du Londeau puis dans le quartier Mermoz. Sa mère est d'origine espagnole et son père d'origine algérienne, menuisier de formation. Ils sont tous deux nés en région parisienne. Ce dernier, ouvrier dans le bâtiment etant régulièrement sur des chantiers de longue durée, souvent à l'étranger, c'est donc essentiellement la mère qui prend en charge l'éducation des enfants. Méhdi décrit son père comme alcoolique sans vouloir s'appesantir sur cet aspect, souvent brutal envers lui (il a un frêre plus jeune avec les rapports ne sont pas excellents) et des violences conjugales sont évoquées. Me Dupond-Moretti, Avocat de la défense souligne que les soucis familiaux sont un sujet tabou pour son client
Habitant un F3, vivent des cousins, dans le même quartier,  chez qui il se rend régulièrement.
Dans ce climat familial, malgré une mère présentée comme attentive, Médhi connaît des difficultés scolaires précoces (redoublements dès les premières années, comportement perturbateur,...) et commence à enchaîner des petits boulôts après avoir obtenu un CAP de carrosserie à 16 ans.
En 1998, il débute son casier judiciaire. A ce jour d'ouverture, il y a déjà 10 mentions pour des faits de plus en plus graves : outrages à vol puis vol agravé, extorsion,... . Un "parcours créscendo" comme le souligne le Président Jean-Draeher.

D'ailleurs, le jour des faits, Mehdi est incarcéré sous le régime de la semi-liberté dans un centre de Gagny.
Consommateur occasionnel de cocaïne et d'alcool, il se fait une luxation de la cheville en jouant au foot, accident qui lui fait perdre son boulôt d'alors. Le 18 mai 2007, il est donc porteur d'un plâtre.
Sur le plan sentimental, Méhdi aura eu quelques relations affectives avec des jeunes filles, relations que l'on peut qualifier de turbulentes. Ce n'est qu'en 2006, quelques mois avant les faits, qu'il rencontre une jeune fille avec laquelle il entretient une relation plus stable.
Dans l'entourage, l'accusé est plutôt décrit comme un jeune homme gentils, serviable et sensé.
En détention provisoire depuis le 14 juin 2007
   

Les rapports de détention sont plutôt favorables à l'accusé, dépeint comme un détenu courtois, inscrit à la bibliothèque, pratiquant du sport, ayant suivi une formation de peintre et employé au service général dès 2008. Cela lui rapporte une petite "rémunération pénitentiaire" dont il reverse une partie à sa Mère. Bien que les sommes ne soient pas importantes, Me Dupond-Moretti souligne que l'accusé à commencé à verser volontairement un petit pécule aux Parties-Civiles, et qu'il suit une thérapie psycho-thérapeutique régulièrement.
Il a pris conscience de la gravité de l'évènement, évoque des regrêts sur un "acte non voulu"
à suivre.
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Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
27 mai 2010 - © JENB PRODUCTIONS
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