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Retraites et changement de société
Ce matin je me suis rendu à la manifestation des salariés à Creil. J'étais l'un des rares élus creillois avec Habib Abba-Sidick et Mohamed Assamti à apporter
mon soutien aux travailleurs. Mais peut-être que d'autres élus de notre ville se sont rendus à la manifestation de Beauvais, l'après-midi. En tout cas j'ai été heureux de trouver un accueil
très chaleureux de certains de mes anciens collègues de Montataire, ainsi que de salariés que je connais depuis longtemps comme ce technicien de la chimie qui m'a annoncé
fièrement qu'il avait voté "Colère et Espoir" aux dernières régionales.
Ces rassemblements sont l'occasion non seulement de saluer beaucoup de nos concitoyens qui étaient en grève, mais aussi d'échanger sur le plan politique. Avec
mes amis nous sommes de plus en plus nombreux à penser que la défense des retraites relève d'une réponse plus générale, celle du changement de société. Les retraites peuvent -elles être
assurées pour l'ensemble des salariés dans le cadre du système capitaliste en crise ? Je ne le pense pas, car le système n'a pas de marges de manoeuvre, la crise de rentabilité du capital conduit
forcément les capitalistes à détruire toutes les conquêtes sociales qui représentent pour eux un coût insupportable . Nous entrons dans une nouvelle ère que les directions syndicales et
celles des principaux partis de gauche ne prennent pas en considération sérieusement parce qu'elles sont intégrées dans le système, comme institution à part entière de celui-ci.
D'ailleurs il ne faut entretenir aucune illusion, même si les rassemblements sont nécessaires, et leur développement indispensable, si la question de la
construction par le peuple d'une autre société n'est pas posée au sein de ces rassemblements, nous verrons peut-être des ministres voire un gouvernement tomber mais le capitalisme
perdurera y compris avec des politiciens qui viendront aux affaires clamant la main sur le coeur qu'ils entendent assurer la retraite de chacun en taxant le capital. La solution c'est
d'en finir avec la domination de l'argent et de s'organiser pour que le travail soit libéré de sa dictature.
Il ne s'agit pas de "défendre "les retraites, il s'agit de changer complètement le travail afin que ce soient les travailleurs qui décident avec l'ensemble du
peuple de l'utilisation de ce que la société crée et du comment elle le crée. La solidarité inhérente au principe qui a régi le système de retraites dans notre pays est le
fondement historique sur lequel nous devons nous appuyer pour dégager la protection sociale de la conception marchande que veut imposer dans les têtes le capitalisme.
En changeant la société, en changeant l'objectif et la destination du travail par l'appropriation sociale, les travailleurs, le peuple, produiront la
solidarité nécessaire pour que chacun puisse vivre décemment tout au long de sa vie, qu'il soit au travail ou pas. Pour quelles raisons, ces idées ne sont elles pas sérieusement
débattues, peu connues, ou taxées d'irréalistes ? Parce que ceux qui dirigent la société et ceux qui profitent à des degrés divers du système ont très bien compris qu'il faut
empêcher que ces idées s'emparent des masses. Mais leur système provoque des "tsunamis" sociaux et politiques qu'ils sont incapables de contrôler et ils craignent comme la peste que les citoyens
qui estiment à 72% que le capitalisme est négatif, qui s'abstiennent à des taux records, ils craignent que cette force inédite dans l'histoire de notre pays se mette en mouvement dans le
sens de l'appropritation sociale et de la démocratie. L'instabilité du système devient de plus en plus évidente, sa crise s'approfondit et face aux déclarations, il y a les faits qui pèsent
plus que n'importe quelle propagande. Plus que jamais libérons les paroles citoyennes, écrivons ce que les gens imaginent pour inventer la société nouvelle, soutenons tous les projets qui
rapprochent les hommes dans la solidarité et la démocratie.