Magazine

La forêt française n'avance plus !

Publié le 06 mars 2010 par Vindex @BloggActualite
La forêt française n'avance plus !-La forêt d'Iraty, entre France et Espagne-
Depuis environ 150 ans, la forêt française progressait. Les causes étaient simples : l’exode rural des années 1850-60, a entraîné un abandon des terres les moins rentables c’est à dire les terres au mauvais rendement ou celles sur lesquelles il n’était pas possible d’utiliser des machines. La forêt y a alors repris ses droits où l’homme y a replanté des essences comme dans les Landes où ce mouvement fut décidé par Napoléon III. Il faut dire que l’on est, à cette époque, en pleine période d’expansion industrielle (je n’utilise pas le terme de révolution industrielle car certains historiens préfèrent utiliser ce terme qui leur semble plus juste). La demande en bois et surtout en résineux avec la construction des voies de chemin de fer et les mines qui sont de très gros consommateurs. Cela a eu pour conséquences de multiplier par 2 les surfaces forestières entre 1850 et 2000 passant de 8 à 16 millions de km² environ.
Mais aujourd’hui, l’urbanisation menace et la forêt n’avance plus. Avant, une terre agricole délaissée avait une bonne moitié de chance de finir en forêt après quelques années soit naturellement, soit en étant replantée ; pour une autre moitié de finir comme terrain à bâtir. Le problème est qu’actuellement, les terres agricoles servent surtout à l’urbanisation et pratiquement plus à l’industrie sylvicole (l’industrie forestière). Le responsable : le prix du m² : Ainsi 1 m² de terres et près libres coûte 5,70€ d’après les Safer (Société d’aménagement Foncier et d’Etablissement ruraux). Mais si le terrain devient constructible, le prix est multiplié par 14 dans la Creuse, 50 dans la région toulousaine et … 300 dans la région parisienne. C’est une aubaine pour les propriétaires terriens de ces régions. C’est la superficie d’un département qui disparaît tous les 10 ans à cause de l’artificialisation des sols. Philippe Pointereau est même inquiet pour l’avenir de la France. D’après lui, l’Hexagone pourrait perdre son autonomie alimentaire vers 2050 et devenir importatrice si le rythme de la perte des terres reste identique (ex : 9 000 ha de terres agricoles disparaissent chaque années dans les Pays de la Loire soit l’équivalent de 9 000 terrains de foot). Je ne parle même pas des risques géopolitiques que cela peut engendrer surtout que nous seront 9 milliards à cette époque.
L’Etat cherche donc des solutions pour endiguer ce problème en essayant de maîtriser cette surconsommation d’espace. M.Thévenot souhaiterait un « zonage pérenne et généralisé des terres agricoles » c’est à dire des zones où les terres agricoles sont protégées. En effet, les élus locaux sont encouragés à urbaniser du fait des recettes fiscales que cela engendre ( la disparition de la taxe professionnelle pour les communes pourrait encourager ce phénomène). Le législateur avait déjà tenter de freiner l’érosion mais en vain. La loi SRU de 2000 qui conférait des pouvoirs aux schémas de cohérence territoriale (SCOT) en obligeant à prendre en compte les terres agricoles est un échec. Les SCOT montent tout de même en puissance mais leur couverture nationale n’est pas assez forte note un agent de l’Etat. Les départements ont été dotés de compétences sur la protection des espaces périurbains leur permettant d’acheter des terres agricoles pour jouer le rôle de bailleur ; mais sans succès jusqu’à présent.
Aujourd’hui, la France est donc confrontée au problème de la disparition de ses terres agricoles qui ont et font encore sa richesse et cela au profit de l’urbanisation. Elle est le premier exportateur de denrées agricoles de l’Union Européenne. La France pourrait bien être dépendante d’autres pays vers 2050. cela causerait des problèmes géopolitiques qui viendraient s’ajouter au problème des ressources énergétiques et réduirait totalement la France au silence sur le plan international. Une nouvelle loi de modernisation agricole doit être débattue au Parlement après les élections régionales de mars 2010 pour tenter de réduire la lente disparition des terres agricoles. L’objectif serait selon Bruno Le Maire, le ministre de l’agriculture, de diminuer de 50% ce gaspillage d’ici 2020 en taxant notamment les plues-values excessives. Espérons que cela marchera enfin, notre indépendance alimentaire et la place de la France comme grande productrice de produits agricoles en dépend.
Florian Thomas.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Vindex 2241 partages Voir son profil
Voir son blog