A un poète vivant

Par Jughurtha

Toi dont les yeux erraient, altérés de lumière,
De la couleur divine au contour immortel
Et de la chair vivante à la splendeur du ciel,
Dors en paix dans la nuit qui scelle ta paupière.

Ecrivais Lecompte de Lisle au dix-neuvième siècle dans son poème ‘’A un poète mort ‘’ , le même hommage a été rendu la semaine dernière à autre poète qui a scellé sa paupière ‘’Adel syade’’ , mais à la déférence que ce dernier était bien vivant , pour aussi incroyable que cela puisse paraitre notre poète mort-vivant a organisé son propre enterrement, a invité ses amis écrivains et poètes, la presse nationale et internationale et quelques membres de sa famille pour assister à l’enterrement de sa poésie , dans une vraie tombe , dans la ferme de ses parents, il a enseveli tout ces livres et poèmes et projets d’écriture ,avant décrire son épitaphe “ici gît la poésie de Adel Sayad” ensuite l’assistance et ‘’le défunt poète’’ dans un moment de recueillement ont lu la Fatiha sur son ‘’âme poétique’’ .
Adel Syad qui a son actif deux recueils de poésie intitulés les Doigts de la tête, en 2007, et Achhiyane, en 2001, a voulu par cet acte symbolique dénoncer et mettre à nu les pratiques des pseudos intellectuels et les charlatans de la culture qui pullulent dans la scène culturelle et littéraire algérienne .
Que Dieu accueille “l’âme de sa poésie” dans ses vastes paradis consacrés aux grandes œuvres, et félicitons-le de s’être affranchi de cette grande responsabilité d’être un poète et d’avoir enfin trouvé le repos que le grand maître envie tant :
Sur ton muet sépulcre et tes os consumés
Qu'un autre verse ou non les pleurs accoutumés,
Que ton siècle banal t'oublie ou te renomme ;
Moi, je t'envie, au fond du tombeau calme et noir,
D'être affranchi de vivre et de ne plus savoir
La honte de penser et l'horreur d'être un homme !

A lire aussi l’interview de Adel syad accordé à Elkabar hebdo .