Pourquoi tant de haine du Matin contre Frédéric Hainard ?

Publié le 27 mai 2010 par Francisrichard @francisrichard

Depuis un mois Le Matin a publié ici pas moins de 15 articles contre Frédéric Hainard [dont la photo provient d'ici], jeune ministre (il a 34 ans) de l'Economie de l'Etat de Neuchâtel, sous l'étiquette du Parti Libéral-Radical. Le quotidien de boulevard l'a tout de suite affublé du sobriquet de shérif, pour souligner des méthodes que ce journal, qui joue les procureurs, considère comme peu orthodoxes.

CV express de ce juriste émoulu de l'Université de Neuchâtel, condamné d'avance par le quotidien orange :

- avocat de 2000 à 2004

- adjoint au chef de la police judiciaire de 2004 à 2007

- procureur fédéral adjoint de 2007 à 2009

- conseiller d'Etat de Neuchâtel de 2009 à nos jours

Que reproche le canard orange à Frédéric Hainard ? Quatre affaires :

- en 2006 d'avoir renvoyé à Moscou une femme, requérante déboutée d'asile, et son fils, à la faveur d'un stratagème. Cette vieille affaire a déjà été ressortie du placard, sans influence aucune sur le résultat, à la veille de la large élection du ministre en avril 2009.

- les 20 et 25 juin 2009 d'avoir accompagné la tutrice d'une vieille dame chez un chaux-de-fonnier soupçonné d'escroquer cette dernière.

- les 12 et 13 février 2010 d'avoir assisté à deux interrogatoires, menés par une inspectrice du travail et un autre fonctionnaire, d'une dame soupçonnée d'abuser de l'aide sociale dans les locaux de l'Inspection du travail de La Chaux-de-Fonds et à une perquisition au domicile de ladite dame le 4 mars 2010. 

- le 6 avril 2010 d'avoir interpellé un artisan soupçonné de travailler au noir dans une rue de La Chaux-de-Fonds alors qu'il conduisait une voiture dans laquelle se trouvait l'inspectrice du travail chargée du dossier de cet artisan.

A ces quatre affaires le quotidien en ajoute une cinquième : la tutrice de la deuxième affaire, l'inspectrice des troisième et quatrième, ne sont qu'une seule et même personne dont Frédéric Hainard aurait favorisé l'ascension sociale.

Tout le long des 15 articles parus sur le sujet Le Matin ne retient à chaque fois que les éléments à charge contre le ministre et ses prétendues contre-vérités. Sur la fin le journal feint d'être étonné que leur cible préférée ne veuille plus répondre à ses questions ... 

Avec des airs dégoûtés le quotidien souligne à plusieurs reprises que la tutrice-inspectrice est une ancienne femme de ménage de La Chaux-de-Fonds, d'origine espagnole. Frédéric Hainard l'a engagé comme "traductrice lors d'une enquête sur un trafic de drogue en lien avec l'Amérique latine" [voir l'article du Matin du 30 avril 2010 intitulé Les combines du ministre ici] quand il était procureur fédéral adjoint. Elle est devenue inspectrice du travail tout à fait régulièrement selon le ministre [voir l'article du Temps du 5 mai 2010 intitulé Frédéric Hainard, aveux et contre-attaque ici] :

"Je n'ai pas pris part au processus de sélection. Elle est arrivée en troisième position sur sept candidats. Au final, nous en avons retenu cinq. J'ai suivi les propositions du chef d'office et du chef de secteur. J'ai mis au chaud les documents qui le prouvent. Ils sont à la disposition de tous ceux que cela intéresse".  

Toujours est-il que ce lynchage médiatique, orchestré par Le Matin, sert surtout les intérêts de l'avocat de la requérante d'asile expulsée en 2006. Ce dernier, Yves Grandjean, et son associé, Jean-Frédéric Malcotti, ont vu rouge quand ils ont appris l'élection de Frédéric Hainard en avril 2009, et n'ont eu de cesse de le faire récuser depuis. Ils ont même déposé deux pétitions en ce sens auprès du Grand Conseil.

Il semble bien qu'ils y soient déjà parvenus en partie, avec l'aide "providentielle" du Matin. En effet le Conseil d'Etat de Neuchâtel décidait le 6 mai 2010 de faire un point sur l'affaire avec le bureau du Grand Conseil le 11 mai 2010. Ce jour-là les huit membres du bureau annonçaient la création d'une Commission d'enquête parlementaire, CEP.

Le 25 mai le Grand Conseil approuvait la création de cette CEP par 102 voix contre 5. Le 26 mai on apprenait que le Service cantonal de surveillance et des relations au travail qui dépendait du ministère de Frédéric Hainard était rattaché le temps de l'enquête menée par la CEP, qui doit rendre ses conclusions le 31 octobre 2010 au plus tard, au Service de l'éducation dirigé par Philippe Gnaegi, autre ministre neuchâtelois du Parti Libéral-Radical. 

Pourquoi tant de haine contre Frédéric Hainard ? En relisant les 15 articles on se perd en conjectures. Sans répondre vraiment à cette question Philippe Barraud, sur son site Commentaires.com , donne ici quelques éléments de réponse :

"Frédéric Hainard, le plus jeune conseiller d'Etat romand en fonction, est un homme énergique, qui n'aime pas les dossiers qui traînent, ni les gens qui parasitent la société: les abus de prestations sociales, les profiteurs et les resquilleurs, ce n'est pas son truc. Pour un homme politique, ce sont des qualités risquées, tant on préfère dans ce pays ceux qui ne font pas de vagues, ceux qui se coulent dans le moule de l'action minimale pour huit ou douze ans. De plus, il est de droite, ce qui pour la plupart des médias constitue une circonstance aggravante a priori. "

En tout cas un homme qui "adore Clint Eastwood dans l'Inspecteur Harry" ici ne peut pas être complètement mauvais...

Francis Richard

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