Parce qu'une blogueuse influente et branchouille aime te raconter ses relations de bon voisinage, vu qu'elle habite à Bastille, à Montparnasse ou Place Monge et qu'avec ses voisines bobos, elles se refilent souvent des recettes à base de riz turkmène biologique tout en déplorant la faim dans le monde, les tensions entre Brad Pitt et Angelina Jolie, les fautes de goût dans la dernière collection Agnès B© et la baisse de libido de leur amoureux (c'est parce qu'il est capricorne et que Vénus croise Saturne en Taureau, d'après Marie-Claire©)
Je t'ai souvent parlé de M'âme Nedelec, qui est la boulangère de mon quartier et qui ne m'aime pas trop, rapport au fait que je suis parfois vulgaire et que je viens de Paris (capitale de la luxure, du crime en série et des autocollants " Breizh " sur les pare-brises). M'âme Nedelec, en plus, c'est ma voisine de droite (pas sur l'échiquier politique, juste par rapport à la rue). J'ai découvert que nos maisons faisaient du frottis-frottas le jour où j'ai traité son coq de gros con de castrat (mais je savais pas que c'était leur coq, à Ewenn et M'âme Nedelec, sinon tu penses bien que je l'aurais descendu à la mort-aux-rats en toute discrétion).
Aujourd'hui j'ai envie de te parler de ma voisine de gauche, qu'est tout un poème, une chanson de geste, une ballade du Moyen-Âge, l'Iliade et l'Odyssée en brezhoneg, quoi.
Ma voisine de gauche, elle s'appelle Lilou.
Enfin je suppose, je connais pas son prénom (qui doit ressembler à Brec'hed ou Bennigez) mais dans le coin, tout le monde l'appelle Lilou, comme dans " elle va pas bientôt la fermer, Lilou? " ou bien " passe-moi la carabine, j'vais faire la peau à Lilou " (ça c'est monsieur Le goff, je t'en parlerai aussi un jour).
Lilou, elle est mariée avec Roger.
Enfin je suppose, j'ai jamais vu Roger mais ça fait six mois que j'habite en Armorique et six mois que j'entends, à travers les murs de ma maison ou par-dessus la haie de mon jardin: " Rrrrooooooger, dis vouêr, t'aurais pô vu a'l ciseau géant qui coupe les feuilles, comment qu't'appelles ça déjà...le taï-hey? Y'a la glycine et les clématites qui se sentent pô très bien...Rrrrrroger! ".
Roger, on le voit jamais, on l'entend jamais. On suppose qu'il doit grommeler quelque chose comme " ghrxuirgl " quand il répond. Ou alors en fait il est mort depuis 1986 et il est momifié sur sa chaise à bascule; il se balance encore en rythme devant Question pour un champion pendant que Lilou lui hurle, depuis la cuisine: " Rrrroooooger, dis vouêr, tu préfères les restes du gratin de macaroni, le fond de potée au chou ou le rôti du week-end dernier pour ton souper? ".
Lilou, elle cause comme une marchande de poisson qu'aurait épousé un commissaire priseur. Tu vois ce que je veux dire. On dirait qu'elle a muté (la légende dit qu'elle habitait jadis pas loin de la centrale nucléaire de Brennilis) et qu'il lui a poussé un mégaphone juste derrière les amygdales. Du coup, ben c'est tout le quartier qui profite de son avis, de ses migraines vespérales et de ses envies de faire caca (" Rrrrooooooger! Mais t'as pris du PQ premier prix! Mais nan, c'pas c'lui qu'y faut! Le Moltonel, j'te dis toujours, çui qu'est épais comme la couenne de ton paternel, Dieu l'garde! ").
Lilou, quand elle a rencontré Ted Bundy pour la première fois alors que je l'emmenais respirer le bon air armoricain de mon quartier et uriner abondamment sur la pelouse de M'âme Nedelec, elle a fait des yeux de carpe farcie ( gefilte fisch, on dit chez nous, mais les Bretons ils disent געפילטע פיש) et puis elle a rapproché ses deux grosses lèvres toutes humides et elle a claqué de la langue en faisant un sourire comme Maïté quand elle va éviscérer une truite encore vivante. Mon chien, même s'il est très con, il a couiné tout de suite comme s'il venait de recevoir un coup de pied dans les parties (oui, mon chien a encore ses parties, parce qu'il est encore un bébé et que je rêvais qu'on l'appelle Rocco Siffredi, même si finalement on lui a donné un nom débile, c'est pour ça que je préfère le surnommer Ted Bundy, mais je m'égare et cette parenthèse prend des proportions inquiétantes).
(Lilou): - rhôôôôô le mignon p'tit machin! Rrrroooooooger! Viens donc vouêr le mignon p'tit machin!
(Roger): - ....
(Moi): - ....
(Ted Bundy): - Kaïïïïïïï !
(Lilou): - Mais comment qu'il est joli, et c'est quoi, comme race, encore?
(Moi): - Un braque de Weimar.
(Lilou): - Rrrrooooooger! Amène-toi, qu'j'te dis, y'a la parisienne qu'a un adorab' braquemart!
Tu vois, lectrice, je suis peut-être chômeuse et coincée au milieu des binious, des menhirs et d'un groupuscule de danseurs d' an-dro sous LSD, avec des voisins moins hype que ceux de Violette ou de Margot, mais j'ai quand même des choses passionnantes à te raconter et je saupoudre mon blog de mots-clés cochons grâce à ça.