Après un très bon premier opus, Micro Application et Cranberry Production nous offrent une suite, certes un peu tardive, de son jeu d’aventure à univers morbide. On se retrouve donc douze ans plus tard avec Darren, jeune étudiant américain et photographe stagiaire, débarquant au milieu d’un univers qui va vite devenir insupportable pour lui. Alors énième jeu d’aventure vieillot ou véritable surprise ? Après six ans d’attente, les fans ont-ils le droit à une digne suite ?
Les décors et les éclairages varient en fonction du temps
Pour commencer, il faut bien dire que Black Mirror II a su nous donner envie. A peine le jeu allumé, une cinématique part où l’on voit un personnage au look étrange mettre le feu au manoir et tuer sa femme. Le jeu commence tout de suite après avec le jeune Darren dans un village de nouvelle Angleterre, tout ce qu’il y a de plus tranquille en apparence. Dès lors, on est déjà plongé dans le jeu, on veut savoir comment on va en arriver là, alors que le manoir n’est même pas encore mentionné. La force d’ailleurs du scénario de ce Black Mirror II est de laisser le temps à l’histoire de se développer. On prend le temps de connaitre les personnages, d’avoir des intrigues parallèles, qui au final, mènent au même dénouement. On rencontre donc toute une galerie de personnages très intéressants, même si certains sont anecdotiques. Certains sont un peu caricaturaux, Fuller par exemple, où l’on voit dès les premières secondes qu’il va être un salaud fini. Une sale habitude des scénarios de jeux vidéo mais fort heureusement, ça ne gâche en rien l’histoire qui est une des meilleures des jeux d’aventure de cette année. On va forcément retourner au manoir de Willow Creek, mais pas pour les raisons que l’on peut penser et par des moyens très étranges. On retrouve donc un jeu qui porte le joueur comme un livre son lecteur, à la force des dialogues, des personnages, des lieux et surtout de l’énigme centrale. Un point qui nécessite à lui seul l’achat du jeu pour peu que vous soyez un amateur de roman policier ou de thriller fantastique, une grande inspiration du jeu.
Le jeu commence dans un studio photo très mystérieux
Poursuivons sur un point qui fait souvent défaut aux jeux d’aventures : les graphismes. Sous prétexte de plans fixes en pré-calculé, on a souvent le droit à des décors vides, creux et sans vie. Et bien une fois encore, Black Mirror II surprend par sa qualité. Les décors sont vraiment très réussis, fournis et animés. On retrouve beaucoup d’effets de lumières vraiment bien travaillés qui rajoutent à l’ambiance très film noir du jeu. C’est un vrai plaisir de rechercher des objets dans un décor fourni où rien n’est à portée de main, tout est très bien intégré. Les personnages sont aussi plutôt bien foutus. L’animation de Darren est un peu rigide mais c’est un détail qui ne gène en rien l’ambiance générale du jeu. Les décors varient de plus plutôt bien, on parcourt un monde cohérent dans son univers et qui arrive à varier dans l’ambiance et à faire ressentir quelque chose au joueur sans avoir besoin d’expliquer tout. La bande son est un peu en retrait par contre. Même si les doublages anglais sont plutôt bons, la musique, entraînante au départ, devient vite répétitive. Je chipote bien sûr, ici pas question de faire un contrôle technique du jeu pur et dur, puisque l’ensemble s’harmonise très bien et que l’on ne ressent que très peu ce léger manque de musique. On espère que pour leur prochain jeu, une OST complète sera enregistrée, histoire de nous immerger encore plus.
On retrouve vraiment l'ambiance du premier
Enfin je vous ai gardé le meilleur pour la fin : le gameplay. Le meilleur, je pousse peut-être un peu, puisque le gameplay reste très classique dans sa forme. On dirige Darren à la troisième personne et l’on doit observer, ramasser, combiner des objets pour résoudre des situations. Il faudra parfois également aiguiller les personnages vers le bon sujet pour qu’ils nous parlent de ce que l’on veut savoir. Globalement, on est dans une formule qui fonctionne toujours et qui a fait ses preuves. On a deux modes de difficultés, un mode facile où l’on pourra passer les énigmes et un mode normal qui est donc le plus intéressant. Les énigmes sont vraiment riches et variées. On ne se retrouve pas devant le même casse tête modifié, mais véritablement devant des mécanismes à comprendre et à analyser. Elles restent relativement simples, comparées à un Dracula : Origin par exemple. L’interface simple mais efficace ne révolutionne rien, mais reste intuitive et suffisamment discrète pour ne pas gêner le joueurs. On apprécie également le fait de pouvoir double click pour passer les phases de marche ou autres actions que l’on devra répéter. Une meilleure fluidité est ainsi possible pour le joueur. Quelques fonctions en plus sont disponibles, comme par exemple l’appareil photo du héros permettant de débloquer des bonus si vous êtes un peu attentifs. Le jeu propose au final ce qui fait un grand jeu d’aventure : du contenu intéressant, enveloppé dans un gameplay intuitif et à la fois riche.
Black Mirror II est donc le jeu que l’on attendait. Il ne déçoit pas mais n’est pas non plus une énorme surprise. Pour autant, c’est pour l’instant l’un des meilleurs point ‘n click de l’année disposant de superbes graphismes et d’une ambiance devenue rare dans ce type de jeu. On se trouve donc devant un jeu ambitieux, qui offre tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un titre à 40€. Nous n’avons donc qu’un conseil : si vous aimez le genre, jetez-vous dessus. Après le premier opus, c’est le retour gagnant.
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