Qui de nous deux ?

Samedi, on tirera le rideau sur une saison 2009-2010 riche en rebondissements et en émotions. Et sourtout, on saura si, en rugby aussi, les séries sont faites pour être interrompues.

Dix finales et autant d'échecs, Clermont peut sans doute revendiquer le titre d'équipe la plus constante dans la défaite à ce niveau de compétition, tous sports confondus. Au point d'alimenter les croyances en une malédiction qui péserait sur les représentants du rugby auvergnat.

Aussi, cette onzième heure sera peut-être - enfin - la bonne. A vrai dire, on l'espère un peu. Non pas que Perpignan ne mérite pas de conserver le "bout de bois" à la maison. En finissant premier de la saison régulière, l'USAP peut même prétendre logiquement à brandir une seconde fois d'affilée "el planxot" (comme on dit du côté du Castillet). Mais il y a une telle attente, une telle ferveur autour de Clermont qu'on aimerait voir les efforts des jaunards récompensés.

D'autant que la régularité de l'ASM est impressionnante, avec ses quatre finales de rang. Et même si les perpignanais peuvent aussi donner des gages de leur constance dans l'effort, puisqu'ils sont encore cette année numéro un à l'issue de la 26ème journée du Top14, il ne serait pas injuste que la quatrième tentative fut la bonne.

Parmi les arguments en faveur de l'ASM, on pourra citer l'avénement de Morgan Parra, le jeune prodige à la mêlée, qui apporte sa régularité au pied et fait baisser la pression qui pesait jusque là sur les épaules (parfois) fragiles de Brock James. Au-delà, l'international affiche une maturité et une lucidité remarquables sur le terrain. Cette faculté à ne pas se laisser déborder par l'enjeu ou par les événements faisait quelque peu défaut à son prédécesseur, Pierre Mignoni. Elle pourrait compter dans ce match.

Clermont est une équipe complète, qui a gagné en solidité. Equipe offensive, elle sait aussi gérer le jeu par des coups de pieds de déplacement et user les défenses par des percussions au ras efficaces. Autant d'atouts combinés à une mentalité de "survivants", après avoir bataillé à deux reprises, en barrage puis en demi-finale, alors que cela n'avait pas vraiment été aussi net lors des saisons précédentes.

Seulement en face, l'USAP a aussi bon nombre d'arguments à faire valoir, en premier lieu l'organisation défensive sans faille et la capacité à exploiter les ballons de contre. Le pack catalan est impressionnant, tout comme la régularité de son buteur, Jérôme Porical, décisif dans les grandes occasions (souvenez vous...de la dernière finale).

Alors, "qui de nous deux ?" doivent s'interroger Jacques Brunel et Vern Cotter. Ceux qui "M" le rugby sont très impatients de connaître la réponse.