Comment trouver 100 milliards d’euros en trois ans ?

Publié le 27 mai 2010 par Lecriducontribuable

Des décisions très importantes pour notre vie quotidienne ont été prises cette semaine en France et en Allemagne.

Angela Merkel a dit que « solidarité » ne pouvait rimer qu’avec « solidité ».  Ce qui signifie que l’Allemagne ne prêtera de l’argent qu’aux États qui feront l’effort de réduire leurs déficits. Nicolas Sarkozy a donc annoncé  qu’il allait réduire le déficit de la France de 100 milliards d’euros en 3 ans.

Réduire le déficit,   c’est d’abord augmenter les impôts :

  • On peut  augmenter les impôts des entreprises, déjà surimposées. Elles vont être obligées d’augmenter leurs prix. Elles vont donc être encore un peu moins compétitives. Les consommateurs français achèteront moins de produits français et plus de produits allemands : délocalisations et chômage vont progresser en France. Le déficit de notre balance commerciale va devenir un gouffre. Ce serait suicidaire.
  • On peut augmenter les impôts payés par ceux qui possèdent des actions, des obligations, ou qui ont confié à leur banque une partie de leurs économies (en prévision d’un éventuel chômage). Ce sont les capitalistes.  Mais, depuis l’euro, les investisseurs fuient chaque année un peu plus la France. Le déficit de la balance des investissements suit donc  la même courbe descendante que le déficit de la balance commerciale. Plus les investissements diminuent en France, plus l’amélioration de la productivité  de nos entreprises diminue, et moins elles sont compétitives.
  • On peut augmenter les impôts payés par les possesseurs d’appartements, de maisons ou de terrains.  Voire par les possesseurs de meubles, d’œuvres d’art, ou de voitures.
  • On peut augmenter les impôts des riches. On pousse ces gens-là à aller vivre fiscalement et dépenser leur argent  à Monaco, en Suisse ou au Luxembourg.
  • On peut augmenter la TVA et  tout sera payé plus cher. On diminue ainsi le pouvoir d’achat des consommateurs. Mais en même temps, on diminue le prix des produits français à l’exportation, alors qu’on augmente le prix des produits étrangers. On rend donc nos entreprises plus compétitives. Finalement, l’augmentation de la TVA risque d’être la seule augmentation d’impôt peu toxique.

Réduire le déficit, c’est aussi réduire les dépenses. On peut commencer par réduire le nombre des fonctionnaires.  Donnons-en quelques exemples.

  • Le territoire de la France est encore divisé en communes (autant à elle seule que tous les pays de l’Europe réunis), en cantons, en départements et en régions, comme à l’époque où l’on ne se déplaçait encore qu’à pied. Subventions, taxes  ou impôts  naviguent en permanence entre toutes ces collectivités, au fil des nombreuses décisions politiques. Une commune peut par exemple actuellement  financer son terrain de football en installant  des éoliennes sur son territoire.
  • La moitié des services d’obstétrique ou de chirurgie  français attendent le client. Ceux qui y travaillent deviennent incompétents, donc dangereux. Il vaut mieux supprimer ces services.
  • La balayeuse municipale remplace le balai. L’ordinateur remplace le papier et le crayon des comptables. Balayeur et comptables sont cependant conservés, du fait de leur statut.
  • On peut remplacer les voitures de fonction par des bicyclettes de fonction.
  • On peut réduire au minimum l’entretien des routes, des lignes EDF ou des hôpitaux.
  • On peut ne plus construire de TGV ou ne plus financer les recherches sur la fusion atomique.
  • On peut aussi réduire les allocations familiales, les salaires ou les retraites des fonctionnaires.

Le budget 2011 nous montrera  bientôt les choix qui ont été faits. Toutes ces mesures vont satisfaire Angela Merkel. Mais elles vont toutes réduire la demande, donc augmenter le chômage.

Dans la situation actuelle, une seule mesure s’impose : rendre les entreprises françaises immédiatement compétitives. Soit en baissant leurs impôts, soit en « dévaluant ». Mais une dévaluation exportera le chômage français en Allemagne et Angela ne sera pas contente du tout.

Bernard Trémeau