Déjà le présent est devenu passé. J’ai vu passer quelqu’un. Je l’ai entrevu. Déjà deux images se superposent. Quelqu’un d’autre est arrivé. J’entrecroise leurs souvenirs.
La vie est un tourbillon.
Je rencontre et il ne reste que la trace. Même celle-ci se recouvre de la suivante.
La vie avance. La vie bouge.
Le sourire se transforme instantanément en grimace. Ou l’inverse. Les yeux se ferment alors qu’on les croyait encore ouverts.
La vie s’active.
On se retourne. On se couche. On se lève. On aime. On se plie. On se redresse. On court.
Le mouvement est vital.
On tue. On pleure. On ramasse un blessé. On se bat. On plonge. On nage. On éclate de vie.
Même si elle n’a pas le temps de devenir autre chose qu’une esquisse, la danse de nos corps est irremplaçable. Elle a la perfection du croquis qu’on n’efface pas et qui attend déjà le suivant.
On aime l’urgence de nos vies.
(mai 2010)