Comment les pouvoirs publics ont-ils cédé aux ONG sur une question de biodiversité alors qu’ils avaient fait la sourde oreille aux scientifiques travaillant sur la question?
L’Union européenne, suivant la recommandation de la Commission, et les Etats Unis ont demandé en mars, à la Convention internationale sur le commerce des espèces menacées, l’interdiction de la pêche au thon rouge malgré l’opposition des thoniers. La proposition n’est pas passée vu le blocage qu’a effectué le Japon à l’origine de la grande majorité des prises de thon rouge.
Cette proposition d’interdiction est le résultat de 3 variables qui se sont rejointes sur la scène politique publique: le discrédit de l’organisation internationale Cicta, le manque de visibilité des scientifiques, l’offensive médiatique des ONG.
Le discrédit de la Cicta, la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique: ses statitisques approximatives et son incapacité manifeste à imposer ses règles aux Etats membres ont mis cette insitution internationale, supposée être garante de l’ordre, hors jeu.
Le manque de visibilité des scientifiques: les chercheurs n’ont pas su se faire entendre par les sphères de décideurs; ils ont été ignorés pendant des années par les pouvoirs publics.
L’offesive des ONG: en 2006, les ONG se lancent dans la bataille. Le WWF et Greenpeace font du thon rouge le symbole de la rapacité humaine: elles dicotomisent de la sorte le monde en bons écolos / méchants pêcheurs et s’accaparent, par ce biais cognitif, de toute la légitimité ncessaire pour auréoler leurs dicsours et y donner de la résonnance. Mais surtout, au travers de cette expèce menacée, elles pointent l’incapacité des Etats à gérer leurs ressources, incompétence d’autant plus grae qu’on est dans le domaine alimentaire: le discours touche donc la corde très primale de la peur du manque, de la faim.
Immédiatement, les Etats occidentaux font volte-face: le risque est trop grand d’être condamné par l’opinion publique, l’occasion est trop belle pour la jouer écolo. Ils demandet l’inscription du thon rouge à l’annexe 1 de la CIT c’est à dire son interdiction.
Les scientifiques se pronoçaient depuis des années en faveur non pas d’une interdc=iction totale mais d’une gestion durable: « Des cycles à long terme conditionnent l’exploitation du ton rouge. Si les captures peuvent être élevées dans les phases de forte biomasse, elles doivent être réduites pendant les périodes de faible productivité. La capture maximale ne doit pas être fixe, mais variable selon les conditions environnementales » (Pour la Science, juillet 2009, AlianFonteneau et Jean Marc Fromentin). Cette gestion « intelligente », au lieu d’une simple interdiction inciterait à des programmes de recherche sur cette expèce pour apprendre à « vivre en intelligence » avec elle tout en satisfaisant les besoins alimentaires des hommes et des femmes vivant sur cette planète. En somme, mieux connaître l’animal pour mieux le protéger et mieux nourrir la population mondiale qui ne cesse de croître…
Cette proposition d’interdiction de pêche au thon rouge , paradoxalement, symbolise le désengagement des pouvoirs publics qui cèdent lâchement devant les offensives médiatiques des ONG et ouvre ainsi main de l’esprit de recherche.
L’abandon d’une gestion des ressources ouvre grand les portes au marché noir, un vrai danger pour le thon et des coûts exorbitants de lutte contre cette criminalité à laquelle on aura finalement donner saraison d’exister.
Alice Lacoye Mateus