Fuyant le ciel
Fuyant le ciel, effrayé de la terre,
tu peignais un soleil fragile
un rameau d’if sur fond de soie.
Tu nommais les veines du bois
les cristaux de neige, la pluie.
Un insecte venait parfois
mourir sous ta lampe la nuit.
Tu nommais les oiseaux, les fleurs,
chaque fruit d’un nom nouveau,
les poissons – tes frères – l’eau,
croyant que nommer donne un gage,
qu’un mot pur vaut une clef,
que la porte du passage
céderait sous ta poussée,
céderait vers quel mirage!
(Jean Joubert)