Les blogs et l'intime : exhibitionnisme ou besoin de se confier ?

Les blogs et l'intime : exhibitionnisme ou besoin de se confier ?

Depuis le temps que je fréquente le Net, il m'est arrivé de faire une certaine distinction entre les types de blogs que je croise. 

Certains blogs ont purement et essentiellement un but précis, que ce soit une passion ou un centre d'intérêt défini, ou professionnel.

Puis, il y a les autres blogs.  Où les blogueurs déposent leurs humeurs du jour, leurs états d'âmes, sous couvert d'un soi-disant intérêt littéraire ou d'un besoin "vital" d'écrire (sinon leur vie perdrait leur sens)  Ces blogs dont les billets sont écrits à la première personne évidemment.

J'avoue que cela me met très mal à l'aise.

Et j'aimerais comprendre.

Ce besoin que le blogueur a de rechercher l'intimité, est pratiquement inévitable lorsque l'internaute commence à surfer sur le Net, puisque les psychés sont directement en lien intime, que le pseudo le veuille ou non.

Cette recherche d'intimité, peut se manifester de différentes manières : celle, comme décrite plus haut, au travers de centres d'intérêts divers, ou celle encore, où le blogueur se dévoile, parle de lui en se décortiquant, bref, en d'autres mots : se fout à poil.

Cette tendance de blogs n'est pas des moindres, vous verrez qu'en sortant un peu de votre blogosphère habituelle, vous ne rencontrerez finalement que cela.  Parfois, au point de découvrir certains blogs où le ou la blogueuse dépose des photos d'elle ou de lui, nue, posant, s'exhibant.

Le mot est dit.

Exhibitionnisme.

Est-ce cela, à vrai dire, le but inavoué de tous ces blogs ?

Sont-ils seulement conscients, ces blogueurs, qu'ils sont des exhibitionnistes ?

Oui, l'on pourrait se dire que du moment que cela ne fait de tort à personnes, et qu'en plus, si cela leur fait du bien, où est le problème ?

Effectivement, vu sous cet angle, il n'y a pas de problèmes.

Mais il persiste tout de même des questions sociologiques.

Comprendre.

Pourquoi la société dans laquelle nous vivons, qui par ces techniques de communications high-tech, sensées améliorer le contact entre les humains, se voit aujourd'hui à poser le constat qu'un nombre incroyable de gens vivent leur réseau relationnel seul, derrière un écran, au point de déballer tout son intime, voire son physique ?

Ce phénomène - tout comme Facebook d'ailleurs, ne nous voilons pas la face -, est devenu une sorte de coutume établie.  Au départ de ce constat, la question qui en découle serait de se demander si  ce phénomène ne serait pas plutôt l'expression d'un syndrome ?

Si nous partons de la définition qu'un syndrome est un ensemble de symptômes, il est presque évident que nous pouvons conclure que la société actuelle est malade.

Ses symptômes sont visibles à l'oeil nu : solitude, carences affectives, dépression, besoin de reconnaissance, perte de sens de la vie, obsessions diverses et TOCS, angoisses etc.

Or, la plupart des blogs révèlent cette impression d'exhibitionnisme, de recherche d'intimité sans y parvenir, et donc, par défaut, les blogueurs jettent en pâture leur propre "moi", afin d'éprouver cette reconnaissance, de palier à ce manque de confiance en soi, de se sentir entourés et compris dans leur intimité, ce qui visiblement fait défaut dans leur propre vie.

J'imagine que ces blogueurs auront une définition tout autre de leur blog "intime".  Qu'ils évoqueront le partage et la découverte de relations nouvelles, enrichissantes.

Dans ce cas, je leur pose la question, pourquoi se dénudent-ils ainsi à la face du monde ?

Où est le partage de l'intime entre "amis", si ce n'est qu'ils sont vus et lus par le monde entier, dont la plupart des intervenants ou lecteurs seront à jamais des anonymes ?

Dans la foulée, pourquoi ces blogueurs ne cherchent-ils pas à vivre ce type de relation avec des personnes dans leur propre vie, au lieu de se couper du monde et de s'isoler imperceptiblement mais sûrement ?

Ce billet est un constat.  Une façon d'essayer de comprendre.  Mais surtout, cette prise de conscience que notre société ne tourne pas rond, qu'elle est bancale, et qu'il serait peut-être temps d'appeler un toubib.

Et ce doute qui me lancine depuis un certain temps déjà : le Net, ce si formidable outil de communication, n'est-il pas finalement un redoutable outil de destruction ?

Panthère