La Louisiane hurle de douleur

Comme je l'ai déjà indiqué, il me faut faire de sacrés efforts pour n'être pas envahie pas des images ou des pensées télépathiques. Je me doute que, tant que j'exercerai  cette profession, certains "branchements" resteront actifs en moi sans que je n'y puisse mais. J'ai remarqué depuis le début de mon intéressement à la voyance que c'est au moment de m'endormir, dans l'instant où mon conscient sombre dans l'inconscient du sommeil que les images ou sensations télépathiques sont les plus vives. Il m'est très peu souvent arrivé d'indiquer à des sensitifs de mon genre où ils ou elles pouvaient augmenter leur voyance. Autant je peux vous donner le don de guérisseur, autant je ne vais pas vous enseigner comment être voyant; chacun doit explorer son esprit et trouver les capacités qui sont en lui, ou elle. Ce serait un peu comme vouloir enseigner à un artiste déjà reconnu comment il doit peindre ou quelles couleurs utiliser pour le tableau qu'il porte en lui et va exprimer sur la toile: l'art se suffit en lui-même par l'utilisation de son esprit qu'en fait l'artiste.

C'est durant cet espace de temps que je dois impérativement bloquer toute sensation disons, non autorisées. Sinon, je me retrouve dans des zones mentales que je ne veux pas aborder. Fort heureusement, cela n'arrive pas tous les jours et peut ne pas s'exprimer durant des semaines, voire des mois ou des années. Mais, ces choses se produisent toujours à l'improviste, on ne sait jamais quand cela arrive; aucune information ou indication pré-établie pour annoncer la survenue d'une possible "vision".

 Ce mardi soir, cet espace d'entre-sommeil à été plus forte que ma volonté habituelle, peut-être endormie depuis trop longtemps?-  et j'ai eu une sensation étrange qui s'est faite jour dans ma tête -ou mon esprit, toujours des mots de substitution, faute de mieux- d'abord toute minuscule mais qui, très rapidement à envahi la quasi-totalité de mon espace intérieur. Cependant, ce n'était pas compréhensible du conscient, c'était une sensation impalpable et inexplicable. J'avais à la fois envie de lutter contre cet envahissement et en même temps je voulais savoir ou voir où encore je "partais". Et durant cette lutte, les choses tentèrent de se clarifier: j'entendais une sorte de bruit, un peu comme si des milliards et des milliards d'insectes bruissaient ensemble avec des ronflements, fourmillements, crissements, bourdonnements; c'était comme vivant mais en même temps c'était métallique, strident; je ne sais s'il vous arrive souvent d'avoir les dents qui crissent et vous savez que l'espace de l'instant, comme un frisson parcourt votre corps et votre esprit; et bien, j'avais la même sensation; je ne pense pas que j'explique suffisamment cela et que les mots ou les épithètes peuvent exprimer ce ressenti.

En même temps, j'ai vu grandir en moi l'image d'un marais: il y avait des herbes aquatiques de plus ou moins grandes épaisseurs; il y avait d'un côté la terre et de l'autre la mer; il y avait ce bruit étrange qui devenait une plainte, non, une douleur; c'était comme une douleur dans le temps, dans l'espace, dans l'image, dans la mer; je ne sais pas s'il faisait jour car cette image était sombre; l'eau clapotait, noire; ce n'est pas l'eau qui était noire, c'était l'image, non plutôt, c'était le temps qu'il faisait.

J'ai compris qu'il s'agissait d'un marais et j'ai pensé que j'allais voir un accident en Camargue ou en Sologne ou dans une contrée française humide. Il a déjà souvent été constaté qu'un fait divers grave se produisait et reproduisait dans des contrées plus ou moins éloignées dans le temps et l'espace. On a déjà vu des équipes scientifiques qui cherchaient dans un labo distant de plusieurs milliers de km et de langue et culture différentes trouver quasi instantanément la même chose ou à peu près à quelques heures de distance sans savoir que l'autre cherchait; c'est, comme on dit, "dans l'air du temps".

La plainte augmentait de puissance, l'image grandissait et s'imposait de plus en plus et voulait comme m'engloutir, m'envahir... Je résistais pour ne pas entrer dans cette horreur liquide, noire qui semblait sournoise et hostile à toute humaine raison. J'ai lutté pour refuser l'envahissement total, pour ne pas entrer dans l'image, dans la catastrophe annoncée, je refusais de voir arriver quelque chose d'inéluctable; je ne savais où j'étais vraiment, mais je pensais être en France ou en un pays proche, une zone humide c'est sûr. Avec ces histoires écologiques qui envahissent notre espace quotidien, je me demandais si un autre pipe-line n'allait pas crever en Camargue comme il y a deux ans.

Puis, j'ai vu d'épais voiles rougeâtres, gras et lourds qui flottaient vers les herbes, vers la terre et j'entendis la clameur épouvantable d'une contrée torturée, souillée honteusement; c'est la terre ou dois-je dire la Nature vivante de la Terre qui hurlait de peur devant l'anéantissement, la mort, la pourriture; c'était comme si un gouffre énorme et sans fin aspirait le Vivant. J'ai compris alors que j'étais en train de plonger vers la Louisiane -contrée que je ne connais pas plus que vous et où je n'ai jamais mis les pieds, comme la majorité d'entre vous.

J'ai eu, je vous le dis, beaucoup de mal à m'arracher à l'emprise de cette douleur énorme, à cet énorme cloaque bourbeux, maléfique et d'une puanteur inimaginable qui était en train de m'enliser. J'ai eu peur. J'ai donc, grace à cette peur et à un sursaut, finalement, réussi à m'extraire de cet horrible anéantissement démentiel.

Je sais des gens qui m'ont souventes fois appelée pour me dire qu'ils avaient été enfermé-es en clinique psychiatrique pour dépression nerveuse à cause de choses qu'ils expérimentaient pour être voyant-e et qui me posaient des tas de questions sur tel ou tel domaine; leur santé mentale précaire et l'isolement en psychiatrie ne semblait pas devoir les calmer; ils voulaient savoir plus de choses alors qu'ils étaient totalement incapables, tant au niveau de la force de caractère qu'au niveau intellectuel, d'assumer les méandres de leurs croyances dévoyées des sciences dites occultes; je me débrouille pour les envoyer méchamment paître afin qu'ils ne m'appellent plus pour m'entrainer dans leurs délires. Il faut savoir refuser de discuter avec  ce genre de personnes "atteintes" et perdues pas des croyances déraisonnables et totalement fausses; j'ai déjà bien assez à ne pas me laisser entraîner mentalement dans des trucs inextricables et incompréhensibles au citoyen lambda qui lui doit, en lisant ce que j'écris ici, me prendre pour une folle totale. Ni illuminée, ni inféodée à une quelconque croyance; je ne tente pas d'obliger qui que ce soit à me suivre dans ces idées. Au contraire, je vous défi de vous y intéresser si vous n'avez guère de jugement sûr associé à une position de scepticisme total face à tout ce que cela peut entraîner comme problèmes de déstructuration mentale ou d'angoisse plus ou moins diffuse. Je suppose que, moins je crois en quoi que ce soit, plus ces sensations arrivent; plus elles arrivent, plus je résiste à me laisser inféoder ou entrainer. Je voudrais surtout que cela ne se produise pas; j'ai droit à la paix et à la tranquillité de mon espace intérieur.

Je ne suis ni folle, ni perturbée; je suis seulement étonnée des capacités extraordinaires de notre cerveau. Je voudrais bien n'être que quelqu'un qui peut ressentir des choses à travers la vie d'un autre et expliquer cela par de la simple empathie, sentiment si humain. Et je me dis qu'il est grand temps que la science ou les recherches scientifiques fassent encore plus de progrès dans la compréhension du cerveau humain, de ses complexes interactions et capacités, pour que ces choses s'expliquent enfin et s'élargissent au commun des croyances générales. En attendant, les quelques autres comme moi se posent des questions et vont, tant bien que mal leur chemin en zigzaguant entre ces choses et la réalité sans avoir de réponses satisfaisantes. Je ne sais si cela se fera un jour ou l'autre mais, je pense que dès que je me laisserais toute entière envahir par la retraite et la vieillesse et que je ne m'occuperais plus de faire cette profession, je serais sans aucun doute déconnectée de ces trucs étranges et... casse-pieds.

A toutes les personnes qui liraient cette note et voudraient faire des commentaires "spécieux", je leur demande de bien vouloir lire TOUTES LES NOTES du blog avant de se prononcer en disant n'importe quoi !