Vous croyez que le phénomène sextoys est nouveau ? Vous pensez que le vibro est dû à l’effervescence et au dévergondage de nos mœurs ?
Détrompez-vous et prenez conscience que les sex-toys existent depuis l’aube de l’humanité !
Les olisbos, dildo, gode, godemiché, sont utilisés depuis la préhistoire en substitut des sexes mâles, absents ou défaillants. Chose étonnante : le plus ancien olisbos (pénis artificiel) a été découvert dans une grotte et remonte à la préhistoire :
Le culte du plaisir est donc loin d’être une préoccupation récente !
On retrouve même des illustrations de godemichés dans le Kâma-Sûtra, preuve qu’il n’existait pas de tabous en Orient et que la notion de plaisir avec un accessoire était pleinement assumée.
''Bibliquement'' parlant, cet objet est aussi invoqué par Moïse, qui veut instaurer un dieu unique, rejette ces pratiques, mais, à l'imitation de tous les peuples qui les entourent, les premiers Hébreux y reviennent très facilement : ''les prophètes leur reprochent de fondre des bijoux d'or et d'argent pour se forger des phallus destinés à leurs débauches'' (Ezéchiel).
Les Grecques, quant à elles, connaissent les objets en forme de phallus, simples ou doubles, de tailles très variées, qu'elles utilisent pour le culte ou pour leur plaisir privé. Dans un récit du IIIe siècle av. J-C, deux amies se vantent les qualités de tels objets fabriqués en cuir par un cordonnier traité de bienfaiteur : "les hommes n'atteignent pas cette rigidité […] Et la douceur ! Un rêve ! … D'envie, à les voir, les yeux me sortaient de la tête !"
Le godemiché traverse les siècles ...
A la Renaissance, la mode de ces objets est plus que jamais présente : on les baptise "gaude mihi" (réjouis-moi), qui donne aujourd’hui "godemichés". On en trouve partout, jusque dans les coffres des dames de la cour, si bien que Ronsard reprochera à Hélène, qu'il courtise en vain, de le repousser parce qu'elle préfère "sa main et son godemiché".
Il est amusant de savoir qu’à cette époque, on assiste à l’apparition de marchands de godemichés confectionnant des modèles sur-mesure de façon artisanale.
Plus tard, au XIXe siècle, on utilise le godemiché à des fins thérapeutiques. En effet, le massage clitoridien, ou thérapie par l’orgasme, est utilisé comme traitement de l’hystérie.
La morale ne fait pas d’obstacle à ce traitement puisqu’à l’époque, la jouissance clitoridienne n’est pas reconnue à la femme. Au dire des médecins, il faut compter une heure pour amener une patiente au paroxysme, temps très important pour les thérapeutes.
Dès lors, le tout premier vibromasseur est inventé par George Taylor, c’est un appareil à vapeur sans charme, encombrant (je vous laisse imaginer). Il laissera vite sa place à un vibrateur mécanisé à manivelle, alors largement utilisé pour soigner les femmes hystériques et traiter six patientes en une heure !
Plus surprenant encore, lors de l’Exposition Universelle à Paris de 1900, figurez-vous qu’une collection de vibromasseurs électriques et à essence a été présentée !
Courant XXième, le vibro se démocratise, la révolution sex-toys est en marche !
En un siècle seulement, on assiste à une véritable révolution : le vibromasseur devient plus petit et portatif, et est intégré dans des catalogues de vente par correspondance (1918). Le vibromasseur arrive peu à peu dans la publicité et les féministes revendiquent son utilisation dans les années 70…
Aujourd’hui, les sextoys sont de véritables objets de plaisir des yeux et du corps, en voie de totale démocratisation. Selon une étude de Durex en 2005, 43% des américains possèderaient un sextoy ! La Chine, le Japon, les pays scandinaves en sont également très friands. La France s’intéresse de plus en plus près à ces petits jouets ludiques et connaît une augmentation des ventes de sex toys de plus de 20% par an.
Aurons-nous tous un sextoy chez nous dans quelques années ? C’est une hypothèse tout à fait envisageable !
Et les hommes dans tout ça ?
Les hommes non plus ne sont pas indifférents : comme substituts à la pénétration, on a inventé des "vagins artificiels", appareils en caoutchouc gonflables, reproduisant scrupuleusement le ventre et le haut des cuisses d'une femme dans le moindre détail, que la publicité vante sous le nom de "dame de voyage" pour les marins et tous les solitaires. La "femme du capitaine" est une poupée gonflable au corps complet, que l'on trouve dès le XIXe siècle.
L'avenir nous promet le sexe virtuel, dont les prototypes existent déjà. Grâce à une combinaison intégrale dotée d'attributs sexuels, et grâce à la programmation des caractéristiques d'un(e) partenaire idéal(e), notre corps ressentira toutes les sensations d'un vrai rapport, dans une jouissance que ne freineront ni la mauvaise volonté de l'autre, ni les faiblesses humaines de notre corps, ni les craintes de maladies ou de grossesses intempestives.
Le jouet sexuel et les actes qui lui sont liés sont donc loin d’être nouveaux dans notre société. Il fait partie de notre évolution et de la libération de la femme et des mœurs.
Le propre de l’être humain est d’inventer des outils, se servir d'objets afin de compléter son corps et d’augmenter le plaisir de ses sens (comme le piano pour la musique et les sensations auditives, ou le four pour les gâteaux et les sensations gustatives), ce qui le différencie des animaux, alors le godemiché est le symbole de notre humanité dans sa continuité.