[Interview] Amock, le court qui fait plaisir…

Publié le 27 mai 2010 par Cuttingpapers

Amock de François Vico, Martin Vaissié, Sarah Matuczak et Xavier Goubin.

Non, le cinéma français n’est fort heureusement pas cantonné aux laxatifs Césars, et contient toute une scène underground, toute une nouvelle garde capable de susciter l’enthousiasme.

Ainsi, marchant dans les pas de leurs (frais) prédécesseurs, les Aja, les Chapiron, les Dahan, on trouve à présent des tas de réalisateurs osant s’atteler au cinéma de genre.
Cette scène underground, composée de passionnés s’étant affranchis des chaines pesantes du cinéma Nouvelle Vague, et lorgnant sans complexe vers les maitres américains (Carpenter, Craven, Dante, etc…), semble prête à instaurer un VRAI cinéma fantastique français.

Alors oui, les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur, mais chacun de ces films avaient l’immense mérite d’avoir tenté le coup et d’avoir eu les couilles de s’aventurer au-delà du sempiternel drame socio-familial.

Avec Amock, c’est cette nouvelle génération qui m’a mis une bonne claque.
C’est assez simple, il s’agit du court métrage français le plus réjouissant et le plus bluffant vu depuis un moment (hors du vidéo-clipesque Pixel auquel je n‘avais que peu accroché).
En effet, ces ex-étudiants de l’école ArtFx de Montpellier n’y sont pas allés avec le dos de la cuiller et nous servent un Cloverfield-like absolument bluffant et maitrisé.
Déjà par la qualité de ses effets et le rendu de ses bestioles (la séquence de fin, terrible), mais aussi par un jeu d’acteurs franchement convaincant dans le registre choisit (Félicitations à Idriss Nicolas et Nicolas Patouraux).

Une petite perle que je vous propose de découvrir et que le blog soutient à 100%.
Pour la qualité, pour l’efficacité, et surtout pour l’immense espoir qu’il fait renaitre à tous ceux qui se désespéraient du cinéma frenchie.

A découvrir de suite donc :

Amock: the movie from Amock on Vimeo.

L’Interview

Et comme le blog aime vraiment ce court, on a voulu poser quelques questions à ses créateurs :

Q : Déjà, pourquoi AMOCK ?

Amock, ce n’est pas très gai, mais ça peut être assimile à la définition: folie meurtrière. Il faut savoir que le court au départ était beaucoup plus sombre que la version finale.
Ce mot était donc parfaitement adapté à ce que nous avions à l’époque. Nous avons continué le projet en mettant petit à petit un peu d’eau dans notre vin. Mais le nom, lui, est resté car il reste toujours crédible.

Q : En voyant le court, on pense immédiatement à des films comme Cloverfield, [REC] (pour le traitement) ou The Host.
Je suppose que ce n’est pas innocent, alors, pourquoi ces références ?

En fait il faut savoir que l’histoire initiale n’était pas vraiment ce qu’elle est aujourd’hui. Au départ, nous avions prévu de filmer de manière  » classique » et l’histoire était beaucoup plus fantastique avec beaucoup plus de créatures et de monstres de toute sorte.
Mais nous nous sommes rendu compte que le film aurait été trop lourd à gérer en terme de tournage notamment.

C’est pourquoi ces films de genre comme REC ou Cloverfield, étaient intéressant pour nous, et ce, pour plusieurs raisons.
D’une part nous n’avions que peu de temps et de moyens. Notre film devait donc être court et efficace. Force est de constater qu’il est plus facile de s’attacher à des personnages et à un contexte en filmant de cette façon.
D’autre part, et c’est la que la référence Cloverfield se fait plus sentir, nous étions dans une école d’effets spéciaux, et le but de ce projet était avant tout de montrer notre savoir faire dans ce domaine. Nous avons donc plutôt joué la carte du « spectaculaire ».

Q : Toujours sur les références, quel est, quels sont vos films fantastique préférés ?

Francois: Legend, Willow, seigneurs des anneaux
Martin: Delicatessen
Sarah: Dracula ( Coppola ) et 300
Xavier: Blade runner et Alien 2

Q : Pourquoi avoir choisi de ne pas joindre la fin alternative ?

Il y a plusieurs raisons.
La première, c’est que étant donné que ce film est un projet étudiant nous étions pris par le temps.Il fallait le finir a une date précise. Malheureusement, nous n’avons pas eu le temps de finir les effets de cette séquence.
Et pour ne pas que ça fasse « tache » on a préféré la supprimer.
Par chance ( car il faut bien payer son loyer ) nous avons rapidement trouvé du travail dans des boites en France ou ailleurs, et du coup, nous n’avons jamais eu le temps de terminer les effets.
Mais nous restons tout de même attachée a cette fin. C’est pourquoi nous avons deux versions. Ce qui laisse finalement le spectateur se faire son propre avis.

Q : Le fantastique est un genre assez sous représenté dans le cinéma français. Et parfois pas très maitrisé (ce qui n’est pas le cas du court, je vous rassure).
Pour vous, il s’agit plus d’un manque de moyens ou d’un manque d’intérêt envers le genre ?

C’est difficile de répondre, car on a l’impression qu’il y a comme un cercle vicieux en France. Il est clair qu’il y a clairement moins de moyens qu’à Hollywood par exemple.
Du coup les gens qui seraient tentés de faire un film fantastique en France sont quasiment assurés que leur projet n’aboutisse jamais.
Donc ces gens seront peut-être plus enclin à faire des films  » A la française » qui eux, ont une chance d’aboutir.

Q : Dans le cinéma de monstres, il y a deux clans qui s’opposent. Le clan marionnette/maquillage et celui du tout 3D.
Un des arguments qui revient le plus souvent et celui du fait que les effets numériques vieillissent vite.
J’aurai voulu avoir votre opinion là-dessus.

Les progrès en terme d’effets spéciaux sont hallucinants.
Un film fait il y a 4-5 ans, peut avoir des effets spéciaux ayant très mal vieilli. Tout dépend l’importance que l’on donne aux effets dans son film.
Un film comme Avatar par exemple va finir par vieillir bien sur…. mais il a encore de très longues années avant que cela arrive.
Finalement si un film avec effets numériques veillit c’est parce que cette technique évolue avec le temps. Ce qui est moins le cas pour des marionnettes.

Q : Depuis quelques temps, on s’aperçoit que les choses les plus excitantes se trouvent hors du circuit de production habituel.
En grande partie grâce à Internet. Est-ce que justement Internet vous a donné plus de liberté pour la création de ce court ?

Internet est un outil de diffusion extraordinaire.
Maintenant on ne peut pas vraiment dire que ça nous a été utile, dans le sens où ce film était un projet de fin d’études. Et comme tous projets de fin d’étude, il permet surtout de trouver un boulot. Le fait de le diffuser sur le net, c’est presque secondaire.
Par contre le point commun qu’il y a entre des films que l’on trouve sur le net et nous, c’est que ce sont généralement des films qui n’ont pas ou très peu de budget. Donc il n’y a pas de contraintes et ça laisse une bien plus grande place a la liberté.

Q : Le court-métrage Pixel va être adapté par Hollywood après un gros buzz sur internet (et on vous souhaite la même chose).
Est-ce que vous avez une idée pour un long-métrage, ou une idée de votre prochain film ?

Peu de temps après avoir diffusé le film sur internet nous avons reçu énormément de mails d’agents, de producteurs ou de managers provenant des Etats-Unis.
Après de nombreux entretiens téléphoniques, nous avons choisi de travailler avec un agent de l’agence UTA à Los Angeles, car nous avions une vision commune de nos projets futurs.

Un grand merci à toute l’équipe pour avoir pris le temps de répondre à ces questions.

Concernant ces projets, nous travaillons en ce moment même sur une adaptation de Amock, en long métrage.

Plus d’infos sur le film :

Si vous en voulez plus, un très bon making-of expliquant la réalisation même du film est disponible ici.
Et il est toujours possible de se rendre sur le site officiel du film.