La
vie et l'œuvre de Roberto Roversi
(né à Bologne en 1923) sont pour le moins atypiques dans le paysage poétique
italien contemporain. Partisan dans le Piémont, diplômé en philosophie, il
ouvre la librairie ancienne Palmaverde à Bologne en 1948, qu'il dirige sans
discontinuité jusqu'en 2006. En 1955, il fonde avec Leonetti et Pasolini la
revue Officina, et donne vie en 1961
à la revue Rendiconti. Figure majeure
de l'avant-garde intellectuelle et politique dans les années 1960-1970, il est l'un
des directeurs d'une des revues les plus importantes de la gauche
extraparlementaire Lotta continua. À
cette époque, il écrit de nombreux textes pour Lucio Dalla et pour le groupe
Stadio. Jusqu'à la fin des années 1960, sa carrière littéraire évolue au grand
jour, deux romans paraissent chez deux grands éditeurs de la péninsule, ses
pièces de théâtre sont créées au Piccolo Teatro. Peu à peu cependant, son œuvre,
dorénavant tournée presque exclusivement vers la poésie et l'essai, ne paraît
plus que sous forme de fascicules polycopiés, distribués aux amis et
connaissances. En 1969, il refuse de publier chez Feltrinelli ses Descrizioni
in atto, dont 3000 exemplaires ronéotypés circulent gratuitement. Roberto
Roversi s'est délibérément mis à l'écart du milieu littéraire et artistique
officiel. La publication en 2008 par l'éditeur Luca Sossella de Tre poesie e
alcune prose, anthologie présentée par le jeune poète et critique Marco
Giovenale, a pu être ainsi considérée à juste titre comme un événement. Elle donne
enfin un large accès à une très grande voix contemporaine.
par Olivier Favier
quelques éléments de bibliographie (italien)