Il y a de ça quelques jours, nous avons marqués le 30e anniversaire de l’échec référendaire de 1980. Les analystes, qu’il s’agisse de Michel C. Auger ou de Jean-François Lisée y sont allés de leur analyse pour expliquer l’échec référendaire et la grande dépression post-référendaire que nous avons connus jusqu’en 1990, année de l’échec du Lac Meech. De 1980 à 1990, le Québec n’avait plus la cote. Nous écoutions presque exclusivement de la musique anglaise, la qualité du cinéma québécois déclinait (par contre, nous avons connus une remontée spectaculaire au milieu des années 80). Paul Piché ni Michel Rivard ne pouvaient faire quoique ce soit contre cette léthargie sociale et politique d’une société qui a pourtant connue des épisodes révolutionnaires dans son histoire.
Pour expliquer cette deuxième période de grande noirceur pour le Québec, il faut revenir en 1976. 1976 est l’année où un parti «indépendantiste» est élu pour la première fois à l’Assemblée nationale. Tous les espoirs étaient permis, et les gens rêvaient d’une vie meilleure. Par contre, au lieu d’y aller d’ambitieuses réformes sociales comme le PQ l’avait promis, ils ont préférés couper dans les programmes sociaux et mettre au pas le mouvement ouvrier. Pourtant, n’est-ce pas René Lévesque qui avait dit qu’il avait un préjugé favorable aux travailleurs ? De plus, le projet de pays, cher à une bonne partie du mouvement ouvrier était constamment remis sur les tablettes par le PQ. Finalement, il y aura référendum le 20 mai 1980. Les résultats sont décevants pour les forces indépendantistes : plus de 60% des électeurs ont votés non. Plusieurs raisons ont été évoquées depuis pour expliquer cet échec :
- La question n’était pas claire. On demandait à l’électeur s’il voulait donner un mandat au gouvernement québécois pour négocier, ce qui est plutôt vague. De plus, il est spécifié dans la question que l’on doit tenir un autre référendum sur la nouvelle entente Québec-Canada, si le OUI l’emportait. De quoi s’y perdre !
- La campagne de peur du fédéral était épouvantable : Jean Chrétien disait devant les personnes âgées qu’elles allaient perdre leurs chèques de pension. Selon les fédéralistes, le Québec indépendant ne pourrait plus jamais s’approvisionner en produits importés, comme des oranges, des bananes, du cacao. Ensuite, on publiait des «études» pour affirmer qu’un Québec indépendant serait de facto en faillite, qu’il se viderait de sa population, que le territoire du Québec serait partitionné par les anglophones du west island. Bref, de quoi terrifier l’électeur avec de la démagogie et des peurs irrationnelles.
- Finalement, un programme péquiste controversé auprès de la classe ouvrière. Le PQ n’a pas fait attention à la clientèle cible de la souveraineté-association.
En 1995, certaines des erreurs du référendum de 1980 n’ont pas été répétées. Par exemple, il n’était plus question d’une association, mais d’un partenariat avec le reste du Canada, ce qui élimine le veto que le fédéral pouvait imposer pour empêcher la souveraineté du Québec en 1980 (pas d’association sans entente entre les deux parties). Avec l’aide du Bloc Québécois au fédéral, il était plus facile pour les souverainistes de faire valoir leur option, ce qui a nuit aux traîtres et collabos québécois du Parti libéral du Canada.
30 ans plus tard, il ne reste plus grand chose de ce premier référendum, sinon les années sombres qui l’ont suivi. Les indépendantistes et la gauche québécoise doivent dé-péquiciser le projet d’indépendance et en faire un véritable projet de société laïc, égalitaire et populaire. Nous voulons l’indépendance pour le peuple, et non les classes dirigeantes du Québec. Nous devons nous inspirer de l’esprit républicain des patriotes de 1837-1838 qui se sont battus pour la démocratie et les droits des francophones en Amérique du nord.