Le petit écran plat perd l’un de ses personnage les plus charismatiques. Le bon père de famille Jack Bauer, qui incarnait le rêve américain, nous quitte après 8 saisons avec toujours le même message : se dépasser dans son travail pour être le meilleur.
L’homme a marqué son époque : la quarantaine bien avancée, honnête, marié, une fille, le cœur sur la main, intègre, très pris par son travail, patriote, propriétaire à crédit d’un petit pavillon et d’un gros 4×4 un le Los Angeles modeste et sans histoire.
Mais la série fait polémique partout où elle est diffusée. Jack Bauer dérange. En effet, le personnage présente une Amérique workoolique (il est capable de journées de 24h pour clôturer un dossier), un peu impulsif parfois et dont le modèle familial change à chaque saison. L’homme des années 2000 a toujours raison, ne rentre pas chez lui le soir mais passe la nuit au bureau pour obtenir satisfaction, ne mange pas, ne va pas aux toilettes et ne bois que très rarement des verres d’eaux. Dans le monde réel, le patronnât voit en Jack Bauer le collaborateur idéal peu couteux et exécutant efficace dans le cadre de cadences de travail effrénées : c’est de ce genre d’attitude que les employeurs rêves. Mais être un fou du boulot capable de partir en Chine sans valise ni parler la langue au risque d’y laisser sa santé et son hygiène de vie n’est pas du goût des syndicats. La série remet sur le tapie les acquis sociaux comme la semaine de 35h, les pauses déjeuners … De nombreux travailleurs essaient pourtant de s’adapter au modèle Jack Bauer à travers des formations, mais sans succès. Ses techniques sont bel et bien fictives et doivent le rester pour les sociologues du travail qui se penchent sur la question de l’adaptabilité du modèle Bauer en société réelle.
Peut-on aujourd’hui demander à l’homme de la maison de laisser sa famille de côté, de rater son week-end pour une urgence au bureau ? Nombreux sont ceux qui vous répondrons non. Le modèle Bauer fait pourtant sauter cette nécessité sociale et présente le personnage capable d’abandonner femme et enfant pour aider un ancien collaborateur dans une phase critique de son parcours professionnel et ce gratuitement et souvent sans en attendre aucun retour. La série montre clairement à quel point une vie de famille est incompatible avec un travail acharné au service de grandes administrations. Certains épisodes montrent même le héro obligeant ses collègues de travail d’accepter la présence de sa fille au sein de l’équipe et allant même jusqu’à inviter sa petite fille dans les bureaux afin de pallier à son manque de présence au domicile familial.
Même avec du recul et la fin de la série, notre vie en entreprise a changé, inspirée de près ou de loin par le modèle Jack Bauer. Nous consacrons plus temps à notre travail, sautons des repas et acceptons d’être dérangé à n’importe quel moment de la semaine grâce à l’arrivée des smartphones et de l’internet dans nos quotidiens.
Quel enseignement tirer de la série 24 ? Certes votre travail peut être une passion et vous aider à porter des valeurs jusqu’au bout du monde et au bout de la nuit. Mais l’homme moderne n’a au final pas choisit la voie de l’homme de bureau et terrain Jack Bauer. A une famille éclatée, des êtres chers perdus de vue et des discussions agitées, il y préfère des horaires régulières, des repas entre collègues le midi et diner bien au chaud le soir en famille.
Pour aller plus loin
Christophe Maé chante l’absence du père