La Trêve
Dans le désert ridé des draps,
la nuit dévêt l’enfance d’une épaule,
sel et soleil aux yeux du survivant
qui suit du doigt le long cheminement
du sang léger au flanc de la dormeuse
et la tiédeur d’une chair hasardeuse.
Les rues se sont vidées de leur venin
et l’on entend les bêtes pacifiques
ruser avec la lune sous les feuilles,
cependant que très loin, dans le brouillard,
la mer remue les algues et les monstres,
à coups de reins, dans son lit froid.
Et c’est la somnolence de l’hiver.
Au creux des meules s’engourdit
la rage têtue des vipères.
(Jean Joubert)