Toulouse domine largement Biarritz et remporte sa quatrième Coupe d’Europe

Les Toulousains décrochent une 4e Coupe d'Europe.

De nos jours, un match de rugby, c’est un peu comme une corrida. Dans les arènes, on commence par abrutir le taureau pour refroidir ses ardeurs. Au Stade de France, c’est pareil : avant que ne débute le match proprement dit, la sono éructe si violemment que deux voisins de travée ne peuvent s’entendre et en sont contraints à ruminer et à faire semblant d’apprécier une somptueuse mise en scène, constituée de torchères, de groupes de pomponettes qui se trémoussent, de flonflons géants, d’un ballon de rugby, placé au centre du terrain, non moins gargantuesque, et d’une cohorte de créatures en provenance directe d’un cabaret parisien connu de par le monde.

Les spectateurs, Toulousains et Biarrots confondus, ont été cueillis à froid après l’apéro géant qu’ils venaient de s’offrir aux abords du Stade de France, déjouant toutes les prévisions de la préfecture et du ministère de l’Intérieur. Une sono, aussi puissante soit-elle, a cependant quelques failles parfois, ce qui a permis à un supporteur moqueur et connaisseur de raconter à qui pouvait l’entendre que la mise en scène en question était signée Robert Hossein. Il fallait avoir l’oreille bien affûtée pour entendre les rires qui s’ensuivirent. Il y avait presque 79 000 spectateurs au Stade France pour assister à la victoire des Toulousains face aux Biarrots. D’extrême justesse, avec 21 points contre 19.

La clé du match, selon Serge Blanco, président du Biarritz Olympique, a été la mêlée : « On s’est fait prendre dans un domaine où on n’a pas l’habitude de se faire secouer », a commenté l’ancien arrière. De fait, le première d’entre elles a vu les Basques bondir en arrière, ce qui n’est effectivement dans leurs habitudes, culbutés et renversés par une crue garonnaise dévastatrice. Les Toulousains ont été à cette occasion à deux doigts de pied de marquer un essai.

O TOULOUSE

Jack Isaac, l’entraîneur de Biarritz, n’a pas cherché à contester la supériorité de Toulouse. « On peut parler tactique et technique pendant une demi-heure mais les Toulousains ont mérité leur victoire, a reconnu l’Australien. La domination toulousaine en mêlée nous a fait très mal, on a beaucoup subi, cela a fondé la victoire des Rouge et Noir. Je n’ai pas de réponse pour expliquer cette faille chez nous. Mais on est passé quand même à côté de quelque chose. » Une autre clé du match a peut-être été le plaquage du toulousain Patricio Albacete sur Benoit August, qui ne portait plus le ballon mais trottait derrière lui dans l’espoir raisonnable de l’aplatir derrière la ligne toulousaine. Les Occitans ont certes perdu leur deuxième-ligne pendant dix minutes, mais ont profité de ce laps de temps pour passer deux drops. L’essai biarrot en fin de match n’a fait que donner un peu de suspens au match.

« Le scénario des dix dernières minutes nous a fait frémir, reconnaît Guy Novès. Pour les spectateurs, l’essai biarrot a été intéressant, mais notre titre est largement mérité. Il représente surtout l’investissement d’un club qui ne triche pas, un travail de fond, la formation, année après année, l’incorporation des jeunes et un bon recrutement. Un titre se gagne avec une cinquantaine de personnes, beaucoup de joueurs, le staff, et beaucoup de travail » répète l’entraîneur toulousain qui se dit fier de « guider un petit peu » tout cela.

Source : LeMonde Sport