Dans un très lourd rapport , publié le 14 novembre 2007, l’Observatoire national des zones urbaines sensibles met le doigt sur un lièvre. A moins que ce soit soulever? Bref, toujours est-il que le lièvre en question n’est pas un gentil coureur de Garennes, mais une belle perle qui encore une fois illustre l’adage bien connu “tu t’es vu quand t’as bu?”
Jean Louis Borloo en avait fait son cheval de bataille, l’ARNU se révèle un canasson plus proche de Rossinante que de Dalakhani. Personne en effet ne mettrait 35.000 euros dans la saillie d’une bique capable de reconstruire 7 logements après en avoir détruit 10 alors que l’objectif était aussi social.
Pour JL hip hip hip? Hiip..A la tienne !
Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)
Petit historique, l’ANRU est un EPIC (établissement public industriel et commercial) crée par la loi du 1er août 2003. Destiné à centraliser et mobiliser “les différents moyens financiers exceptionnels provenant de l’Etat, des partenaires sociaux (l’UESL), des bailleurs sociaux (Union Sociale pour l’Habitat) au travers de la Caisse de Garantie du Logement Locatif Social et de la Caisse des Dépôts et Consignations” (rien que ça). Le montant de la sauterie institutionnelle, près de 10 milliards d’euros sur 8 an.
Le principe: participer au financement de programme de renouvellement urbain. Qui dit renouvellement urbain dit deux modalités d’action: construction neuve sur la base de destruction ou réhabilitation.
Je vois poindre un sourire, car oui pour construire il faut détruire, d’où la question : “et pendant ce temps là, on dort dans la rue?”
A mon bon monsieur, ça, c’est comme souffrir pour être belle, parfois il faut dormir dans du précaire pour dormir dans du dur tout neuf.
En l’occurence, et puisque les chiffres sont dispos, les déconstruction s’élèvent à 123 781 au 1er décembre contre 118 126 livraisons. Pour les 5.000 qui manquent, c’est pas de chance.
Une lecture un peu plus précise du rapport et non des chiffres fournis sur le site nous donne un aperçu un peu plus fin bien que plus ancien. Car un programme met du temps à voir le jour, ce qui rend la notion de programme engagé plus pertinente que la mention des projets en gestation.
Les opérations engagées, quant à elles, sont estimées à 28 500 démolitions pour 19 800 reconstructions, soit un ratio constructions/ démolitions de 70% à la fin de l’année 2006.
Ce sont donc près de 10.000 logements détruits qui n’ont pas trouvésde remplaçant. Outre le fait que dormir dehors peut provoquer une grève illimitée des fonctions vitales (on prend la vie en otage monsieur !!!) l’on ne peut que s’étonner d’une autre donnée. La règle de base étant 1 pour 1, le rapport note
Quand bien même la règle du « un pour un » serait respectée à la fin du programme de rénovation urbaine, une première comparaison entre la taille des logements reconstruits et celle des logements démolis montre un déficit de la reconstitution de l’offre de logement en termes de surface (nombre de pièces).
Relativisons lachose tout de même (merci les graphiques, cf ci-dessous), ce sont majoritairement de T5/T6 qui sont détruits, la proportion de T4 étant à peu près maintenue, et les T2/T3 en forte hausse.
Posons nous cependant une question. Pourquoi cette modification de la répartition du parc? Logiquement elle suit l’évolution sociologique des familles, de plus en plus monoparentales, de plus en plus mono-gamins. Dans un T3, le papa et la maman font des calins dans leur chambre, le salon c’est là où papa dort quand maman trouve qu’il sent trop l’alcool et la deuxième chambre c’est pour le ou les enfants.
Et c’est là que ma réflexion se fait beaucoup plus insidieuse. Car si les familles blancho-catholiques ont en effet tendance à se reproduire de façon limitée (1.7 enfants par femme), les familles d’origines étrangères sont beaucoup plus prolifiques (3.4 enfants par femme).
Or dans les ensembles faisant l’objet de rénovation urbaine, ce sont bien souvent ces familles qui sont concernées. Les plus favorisés pourront se rabattre vers des logements plus grands dans le parc privé, les autres…
Cette modification de la taille moyenne des logements implique donc logiquement que des familles vont devoir vivre dans moins d’espace, même si celui-ci est réhabilité. Après tout, ils se tiendront chaud et c’est bien connu les africains vivent en meute troupeau famille.
Ah mais vous me connaissez, la chose m’intrigue et un vague souvenir me turlupine un temps avant que je ne me souvienne soudainement ce que me rappelait cette histoire de pièce. La réponse est dans L’égalités des possibles d’Eric Maurin (page 63-64 pour les feignasses). Un enfant vivant dans un appartement où se trouvent au moins deux enfants par chambre a 2 fois plus de chance d’être en retard au collège qu’un enfant habitant dans un appartement où se trouvent moins de deux enfants par chambre.
Et 60% des enfants habitant dans des appartements où ils partagent une chambre sont en retard au collège contre moins de 40% pour les autres.
Je ne sais pas si l’ANRU va améliorer les conditions d’habitation des habitants des quartiers concernés, quelque part entre plus de confort et moins de place (ils n’ont qu’a aller chez IKEA!! Un appart de 60m2 dans 30m2 qu’ils disent !! ). Ce qui semble acquis par contre c’est que cette diminution de taille ne fait rien pour améliorer la réussite scolaire.
Remarquez, à l’ANRU ont s’en fout un peu, c’était pas ça l’objectif.
Parfois un peu de transversalité et de préparation ne nuiraient pas. Je dis ça je dis rien.
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