Originaire de Bejouira et immigré à Narbonne depuis les années 1975, Si Ahmed n’est pas nouveau en France ! Pourtant il n’arrive pas à s’y faire ! Le français, pour lui est une belle
langue mais de là à apprendre à s’en servir comme il parle son Kabyle natal….
Sa femme, Taos, elle, est mieux lotie car ne travaillant pas elle dispose de bien plus de temps pour apprendre. Les voisines, des françaises de souche ont pu lui enseigner peu à peu les méandres
de la langue de Molière et devant Si Ahmed son mari elle est……..incollable ! Quand il l’entend parler français, il ne peut qu’en être fier et parfois il lui dit : « J ai épousé une française
!»
D’ailleurs la corvée des nouvelles vers le bled revient toujours à..Taos alors qu’au départ Si Ahmed devait payer l’écrivain public du coin ! Lorsque en « facances » ils reviennent à Bejouira en
été, c’est le savoir personnifié, l’université elle-même qui arrive !
A Narbonne, leurs enfants sont par contre bien intégrés sauf qu’ à l’école ce n’est pas toujours rose et dans ce cas Taos utilise ses inestimables connaissances linguistiques de français pour
bien se défendre devant ces incroyables maîtres d’école et leur directeur, par des billets éloquents.
Jugez-en :
«
-Je suis révoltée, monsieur le directeur : à la cantine, les surveillants l’ont obligés à sucer tous les morceaux de la poule !
-Madame, mon fils n’est pas venu à l’école aujourd’hui car ses chaussons étaient troués, en plus mon fils n’aime pas sa maîtresse et mon mari non plus !
-Ma fille n’arrête pas d’être emmerdée par des garçons plus grands pendant la recréation qui lui soulèvent ses jupes pour la regarder ou même mettre des doigts !
-C’est mon fils à moi et je n’ai pas à vous donner de raisons valables de pourquoi il a manqué la classe, d’ailleurs, dès qu’il rentre de l’école il vomit toute votre cantine !
-J’avais des besoins et j’ai utilisé ma fille, c’est pour ça qu’elle a été absente.
-Demain mon fils sera absent car je pense qu’il sera malade, vu que c’est l’examen et vous lui passez l’oral par écrit, alors…
-Excusez mon fils, il a des excuses.
-Ne touchez plus ma fille, il y a déjà son père pour ça.
-Son résultat est très mauvais, vous êtes prof et vous ne savez même pas prendre ma fille dans le bon sens.
-Excusez ma fille, elle était avec moi à mon enterrement.
-C’est moi qui vous le dis : s’il est trop discipliné, tapez sur mon fils !
-Si vous ne croyez pas les mots d’excuse que je fais à mon fils et à ma fille, vous n’avez qu’à demander à leur père puisque c’est lui qui les faits. »