Par petite touche, dans une approche médiatique hautement réfléchie, le gouvernement a décidé, bien avant la fin des concertations, que l'avenir du système par répartition des retraites passe par un report de l'âge légal de départ à la retraite : 61, 62, 63... pourquoi pas 65 ans.
Le gouvernement profite de ce moment anxiogène, en pleine crise économique pour détricoter, une fois de plus, ce qui était un acquis social et que plus de 57% des Français veulent conserver.
Comment faire confiance à François Fillon dans ce dossier, lui qui nous disait en 2003 que sa réforme allait sauver le système par répartition ?
Comment faire confiance aux syndicats qui ne sont même pas capables, pour une cause aussi importante de se mettre d'accord pour parler d'une voie commune et faire front, ensemble, dans les manifestations.
Le gouvernement a parfaitement joué la division puisque certains systèmes ne seront pas remis en cause. Ainsi en France, certains pourront partir en retraite à 50 ans alors que d'autres travailleront 15 ans de plus.
Où est la justice annoncée ?
Où est l'équité ?
C'est donc à une injustice supplémentaire qui ne va rien régler que l'on assiste.
Le système de financement des retraites va mal, c'est une évidence mais il convient de prendre son temps avant de vouloir réformer le système;
Les déficits 2010 sont de l'ordre de 10 milliards d'euros. Une somme importante c'est vrai. Mais cette somme ne représente que le tiers du manque à gagner des multiples exonérations d'impôts qui s'élèvent à 30 milliards. Certaines exonérations sont parfaitement justifiées, d'autres doivent être supprimées.
En France, seuls 35% des plus de 50 ans travaillent et beaucoup ne travaillent pas par choix mais parce qu'ils sont considérés comme des "seniors" avec toutes les connotations possibles !
Alors, pourquoi repousser l'âge de départ à la retraite alors que l'on est incapable de donner du travail aux jeunes comme aux "seniors" ?
Non, ce n'est pas l'âge de départ à la retraite qui pose problème, c'est le manque de travail.
Plus de 3 millions d'emplois industriels ont été supprimés ces trente dernières années. La France est devenue un désert industriel et c'est une grosse partie du problème.
Le premier travail du gouvernement ne serait-il pas de développer des conditions propices d'un retour à l'emploi ?
Les plans de relance (qui semblent abandonnés maintenant) auraient dû permettre une relance économique par le soutien de grands projets structurants et créateurs d'avenir. Ils n'ont été qu'un vague recyclage et un grand saupoudrage d'argent public.
Et la France devrait aussi avoir le courage, comme le font beaucoup de pays, de taxer les importations en provenance des pays où le respect de l'environnement et de l'homme est inexistant.
Ce qu'il faut, c'est du courage politique. Mais c'est difficile car bientôt une élection approche ...
Dominique Lemoine