Dire ce que l'on fait, faire ce que l'on dit. En politique ce devrait être le B-A BA. Et pourtant. Que de mensonges, que de fausses promesses, que de tromperie. On peut — le festival de Cannes vient à peine de se terminer — décerner la palme d'or du mensonge à notre président. Ne vient-il pas, spectaculairement, de mettre en cause l'ancien président François Mitterrand pour avoir abaisser l'âge légal du départ en retraite de 65 à 60 ans. En quelques mots, devant les députés UMP qu'il cajole, Nicolas Sarkozy a assuré que le France se porterait mieux sans les 35 heures, sans la retraite à 60 ans des mesures emblématiques de la gauche au pouvoir. Il aurait pu ajouter, elle se porterait mieux encore sans les congés payés, sans la retraite par répartition, sans la sécurité sociale, sans les acquis sociaux qu'il a fallu des décennies à obtenir. A quand la semaine de 60 heures et le travail des enfants ?
Il est de bon ton, dans les allées du pouvoir actuel, de fustiger le Conseil national de la Résistance et le programme qu'il rédigea quelques mois avant la libération de la France (1). Un représentant du MEDEF a même affirmé publiquement qu'il convenait de réduire à zéro les acquis sociaux issus de la victoire sur les nazis. Ne cherchons pas ailleurs l'offensive conduite contre la retraite à 60 ans. Ne cherchons pas ailleurs les actuelles déclarations du président Sarkozy qui contredisent des promesses antérieures à son élection. Il est même allé jusqu'à dire depuis qu'il ne toucherait pas à l'âge l'égal du départ en retraite à 60 ans « puisque les Français ne lui avaient pas donné de mandat pour cela. »Quel culot !
J'ai déjà écrit ici, combien ces politiciens en peau de lapin n'étaient pas à une contradiction près, à une contre-vérité près et peu regardants à se désavouer eux-mêmes. L'histoire récente est jalonnée de ces ecœurantes prises de position. Qu'il s'agisse de la privatisation de EDF ou de l'âge de la retraite, Nicolas Sarkozy montre le noir visage des hypocrites et des gens sans scrupules. Il suffit de relire son histoire, ses frasques, ses jugements hâtifs, de se rappeler son engagement auprès d'Edouard Balladur contre son mentor Jacques Chirac. Le président, qu'il le cache aujourd'hui ou non, est demeuré bling-bling. Le Fouquet's, le yacht de Bolloré, les yeux de Carla…il meurt d'envie de céder à ses penchants mais la crise l'oblige à la retenue et à plus de modestie.
L'hebdomadaire « Marianne », pendant la campagne de la dernière présidentielle, avait osé mettre en cause l'équilibre psychique de notre président. Les journalistes de ce titre feraient bien de relire leurs articles et de nous dire ce qu'il en est.
(1) Adopté le 15 mars 1944 après plusieurs mois de négociations, le programme du Conseil national de la Résistance est très empreint de rénovation sociale et de l'influence des groupes communistes comme le Front National, surtout dans la seconde partie : « Mesures à appliquer dès la libération du territoire », qui vise à instaurer une vraie démocratie sociale, sous un régime d'économie planifiée, avec une forte décentralisation.
Parmi les mesures envisagées et appliquées à la Libération, citons la nationalisation de l'énergie, des assurances et des banques, la création de la Sécurité sociale. Ces actions ont constitué jusqu'à aujourd'hui une grande partie des acquis sociaux de la seconde partie du xxe siècle.