La nuit nous appartient

Par Luc24

James Gray est un cinéaste rare et apprécié et l’annonce d’un nouveau film de sa part dans les salles est un véritable événement. Présenté à Cannes , où il a suscité des réactions diverses et a été considéré par certain comme un « film de droite », La nuit nous appartient est-il aussi bon que son prédécesseur, le vibrant The Yards ?

La critique  

Noir et maitrisé, un film aussi dense que divertissant

New York, fin des années 80. Bobby (Joaquin Phoenix) est gérant d’une très prestigieuse discothèque et passe du bon temps avec sa bombasse de copine, Amada (Eva Mendes). Ca picole, ca se drogue, ça couche, tout ça sur fond de musique des 80s. Le bonheur ? On va rapidement comprendre que non. Car si son patron propose à Bobby de devenir gérant d’une nouvelle boite , certaines affaires illégales viennent parasiter son business. En effet, le neveu du patron de Bobby est un trafiquant de drogues notoire et il attend une grosse commande.

Mais ce que personne ne sait c’est que le père de Bobby est un flic très important et qu’il est sur le coup pour faire tomber ces dealeurs et toute une partie de la mafia russe. Mais quand papa et frérot (lui aussi policier)viennent voir Bobby, ce dernier hésite à collaborer : pas trop son truc de jouer les indics. Les choses ne vont pas tarder à déraper et Bobby va être amené à s’interroger sur ses ambitions, ses relations familiales et affectives.

Le blues du businessman

Dans The Yards, James Gray posait de suite une ambiance dépressive et mélodramatique (avec brio). La nuit nous appartient préfère débuter sur une note futile et heureuse : Boby prêt à passer un délicieux moment avec sa chérie portoricaine aux formes généreuses. Mais Gray va rapidement plonger son personnage dans de nombreuses galères et incertitudes. Il y a d’abord ce rapport au père particulièrement complexe. Un père qui a consacré sa vie à la loi et qui aurait rêvé du même destin pour ses deux enfants. L’un , Joseph (Mark Wahlberg), a accepté ce sort et fait même des étincelles en marchant sur les pas de son père. Mais Bobby n’avait pas envie d’être coincé dans des bureaux. Ce que Bobby voulait c’était mener une vie marrante, pleine de paillettes. Cela lui a valu de perdre tout soutien familial, d’autant plus que son seul appui, sa mère, est décédée. James Gray saisit donc la situation pour opposer deux milieux très différents et faire surgir une bonne dose de culpabilité mêlée de colère au personnage qu’incarne Joaquin Phoenix.

Jusqu’où peut on aller pour assouvir ses désirs de grandeur ?  Alors que l’on s’attend à ce que Bobby sombre dans des plans foireux, nous sommes surpris de découvrir qu’il préfère plutôt se ranger pour veiller au bien des siens. Et c'est peut être cela qui loui coûtera le plus...

Ca n’aurait pu être qu’un banal thriller, avec casting de premier choix et photographie lêchée. Mais La nuit nous appartient a du style, James Gray du talent pour la mise en scène (formidable scène de course poursuite) , les acteurs se donnent à fond et peuvent compter sur des personnages aux aspirations et à la psychologie bien fouillés. Captivant et impitoyable : un film qui n’a pas peur du noir et qui séduira les spectateurs de tous horizons.


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