Magazine Culture
Subjectivement vôtre.
1. Touch of Evil de Orson Welles. La caméra débute sur une main qui manipule une bombe qui sautera dans quelques minutes. On ne verra jamais le visage de celui qui la fera exploser. La caméra circule du niveau du sol. Une fois la bombe dans le coffre d'une voiture, on la suit de manière aérienne. Tel une caméra placée sur un pigeon. On reviendra au niveau du sol le temps de découvrir nos deux personnages principaux, Charlton Heston et Janet Leigh. Nous savons la bombe dans la voiture qui passe deux fois devant nos deux personnages principaux. Nous voyons aussi clairement les deux futures victimes. 3 minutes 35 de suspense sans coupures. Welles a toujours été en avance sur son temps. Cette ouverture ne fait pas exception.
2.The Player de Robert Altman. Cette parfaite satire d'Hollywood ouvre sur un hommage délibéré à la fameuse ouverture d'Orson Welles. Deux personnages disent à la première minute et demie que la séquence de Welles durait 6 minutes (elle en durait la moitié moins). Altman fait durer son plan pendant 8 minutes!!! La comédie noire de Altman nous fait faire le tour des potins Hollywoodiens, des scénaristes courant après les auditions de leurs "pitchs" et nous présente Tim Robbins au coeur de tout le va-et-vient des gens tentant d'accéder à l'innaccessible rêve. La mise-en-scène est délicieuse et fait même des clins d'oeil à des séquences dans Absolute Beginners, Rope & The Sheltering Sky dans le dialogue en plus de citer le film de Welles.
3.Atonement de Joe Wright. 5 minutes 7 dans le décor du débarquement de Normandie avec des centaines de figurants. La nécéssité de tourner un long plan séquence est née du fait que le tournage de cet excellent film avait pris beaucoup de retard et que le réalisateur ne disposait que d'une seule journée (au lieu des trois prévues) pour tourner toutes ses scènes sur la plage. Il a alors improvisé une scène incluant tout le dialogue prévu, chorégraphiée et pratiquée toute l'avant-midi et tournée avec une grue, plusieurs rails et beaucoup d'adresse en après-midi.
4.Children of Men de Alfonso Cuarón. Nous passons du confort du repos d'un homme dans la voiture et circulons paisiblement avec son équipage au travers de leur conversation candide pour ensuite tomber dans l'horreur et l'anarchie, toujours du point de vue des passagers de la voiture. Étouffant.
5.I Am Cuba de Mikhail Kalatozov. J'ai placé cette séquence 5ème mais c'est au fond ma préférée. Entre autre parce que ça date de 1964, que les moyens techniques de l'époque étaient beaucoup plus réduit qu'aujourd'hui, encore plus dans les pays autre que ceux d'Amérique et que le réalisateur met en scène ma vision du paradis. La caméra est volée par un oiseau marin vers 1 minute 16, marin puisqu'il termine son voyage dans l'eau de la piscine.
6.Weekend de Jean-Luc Godard. J'adore Godard. Ce 7:32 est simple, brutal, chaotique, absurde, fort amusant, lourdement sonore, animal, agressant(couper le son au besoin), pétrolier, violent et horrible. J'adore.
7.Goodfellas de Martin Scorsese. Quand Henry Hille est au sommet de sa gloire de petit mafieux nous sommes introduit au même rythme que sa femme au Copacabana bar dans ce monde de ratés qui s'invente des privilèges
8.Le Mirroir de Andrei Tarkovsky. Parce que tout, au travers de la caméra de Tarkovsky, devient beau, lumineux, intime et rend l'expérience cinéma totale.
(à ne pas regardez si vous n'avez pas vu le film et ne voulez pas vous gâchez un punch)
9. Boogie Nights de P.T. Anderson. "Do your thing" suggère la chanson dans ce film du surdoué enfant de la balle P.T.Anderson. C'est ce que fera Bill en plein effondrement mental.
10.Much Ado About Nohting(de 4:51 à 7:28 dans le clip) de Kenneth Branagh. Cette scène n'amène absolument rien à l'histoire puisqu'elle est terminée. Mais la superbe voltige de la caméra pendant un peu plus de 2 minutes et demie démontre que Kennerth Brannagh a presqu'accoté le génie de Shakespeare à sa manière.