Mes parents m’avaient prévenue : le dernier spectacle de Michèle Bernier est génial mais s’adresse plus aux femmes, de plus de cinquante ans de préférence. C’est donc avec une impression mitigée que je me suis rendue hier au Théâtre de la Renaissance. En rentrant dans la scène, je commence à craindre le pire car oui je suis la seule « jeunette » spectatrice. Je sens que la soirée va être longue et pourtant… dès le début du spectacle Michèle Bernier m’a emmené dans son tourbillon de paroles, dans ses révoltes que je partage, n’ayant pourtant pas encore l’âge de m’y intéresser. Mais pourquoi ce spectacle ?
Michèle Bernier a une annonce de première importante à nous faire et monte de nouveau sur scène pour nous la faire partager : C’est décidé elle va arrêter le temps. Elle dit merde – le crie même – au temps qui passe. C’est vrai que la cinquantaine passée il est dur d’être considérée déjà comme une « vioque ». Michèle Bernier a décidé d’être une quinquagénaire épanouie et nous livre sa vie et ses petits secrets.
Ses parents sont morts, sa fille partie, son fils toujours à la maison mais vivant résolument sa vie d’ad, son mari est parti, et à 50ans Michèle Bernier se sent bien seule… Pourtant la comédienne est déterminée et sait ce qu’elle veut – faire la paix avec ses proches – et surtout ce qu’elle ne veut pas : rejette les crèmes antirides qui ne servent à rien, pas de thé dansant sur la Manche avec Croisière Seniors, pas se faire incinérer ou alors seulement au grand Marnier, ne plus obéir et surtout qu’on lui foute la paix. Elle se révolte facétieusement contre la dictature de la jeunesse et de la beauté, la chirurgie esthétique, les médias qui s’acharnent sur les quinquagénaires et plus, la gymnastique, la baignoire à porte, la mammographie sadique.
1h45 de confidences, drôles ou émouvantes mais jamais tristes. Une verve incomparable et des chansons indescriptibles à l’image de celle dédiée à la ménopause ! Pétillante et lucide Michèle Bernier évolue à travers une mise en scène très réussit, où un réel effort à été fait ce qui est peu le cas dans les one man shows.
Hier était sa 115ème représentation et c’est les yeux remplies de larmes que Michèle Bernier nous informe que Francis Perrin est dans la salle, lui qui lui a donné un de ses premiers rôles au cinéma dans « Le Joli Coeur » en 1984.
J’ai passé une soirée incroyable, où l’humour et l’émotion étaient au rendez-vous. Merci Michèle…