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Tant de cris de goélands résonnent encore aux oreilles.
Quelque chose est resté, entre deux grains de sable, noué à la mémoire.
Il fut enfin temps de le prendre, de se délester du poids quotidien des clameurs.
*
Les portes océanes franchies, le claquement du gréement dans la nuit de nos attentes était le signe d’un autre départ.
Il fallait seulement s’affranchir de la peur d’agir.
On sait ce qu’on a, on ne sait rien de ce qu’on va trouver, une fois la porte ouverte.
Il faut pourtant accomplir ce pas, lâcher ce à quoi nous tenons, pour mieux sentir la houle qui nous emporte et nous berce.
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Si noble vocation que celle d’être dans la dégustation de chaque instant.
Si simple ouverture que de laisser le vent hanter les cheveux hirsutes et la barbe de plusieurs jours.
Nos yeux, obscurcis de vanités éphémères ne savent point voir le chemin.
Il s’ouvre pourtant, là où, spontanément, se posent nos pieds.
*
Il fallait accueillir les larmes du ciel qui accompagnaient le retour au bercail.
Pleurer avec lui le triste bitume et l’intensité des douleurs, en longues litanies émises.
Tout n’est que plaintes qui font que chaque jour s’en nourrit.
Levant les pupilles vers la fenêtre ouverte sur les nuées, les pensées s’évadent un instant.
Il n’est pas de péage dû pour leur vagabondage.
Il suffit de marcher avec elles.
Manosque, 13 avril 2010
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