Et nous étions ainsi dans une nuit massive (Jean Joubert)

Par Arbrealettres


Et nous étions ainsi dans une nuit massive
l’un à l’autre mêlés, nos chevelures
confondues, nos branches, nos racines,
et nous tombions comme un seul arbre ainsi
avec lenteur dans un silence lisse.
Sans doute les gardiens demeuraient aux remparts,
vieux ennemis vêtus de fer, mais invisibles;
les chiens tournaient sans doute dans les cours
auprès des portes condamnées.
Il n’y avait ni feu ni terre, mais une absence
de cris et de regards, la paix des gouffres,
et nous tombions ainsi l’un à l’autre mêlés
avec lenteur vers l’invisible eau noire.

(Jean Joubert)


Illustration: Sabin Balasa