Qui peut croire sérieusement que la Grèce sera en mesure de faire face à ses échéances ?

L’autre dimanche, les membres de l’Eurogroupe, réunis à Bruxelles, ont pris, dans l’affolement, à la dernière minute avant l’ouverture de la Bourse de Tokyo, des déterminations susceptibles à court terme de rassurer les marchés et de mettre fin à la dégringolade de l’euro, ce qui a fait son effet. Les gouvernements vont maintenant s’employer à faire passer ces déterminations dans la réalité et à couvrir du même coup leurs responsabilités. Or, celles-ci sont énormes car elles vont se traduire dans quelques jours par l’inscription dans un collectif budgétaire, c’est à dire dans la voiture-balai de la fiscalité, d’une participation à la garantie consentie par Bruxelles aux emprunts permettant aux Etats défaillants de solder leurs dettes actuelles, la Grèce en tout premier lieu. La part de la France dans cette garantie se monte à la coquette somme de 111 m!illiards d’ euros. Ce n’est qu’une dépense virtuelle, nous dit-on. Mais qui peut croire sérieusement que la Grèce sera en mesure de faire face à ses échéances ? Et si elle en est incapable, qui donc paiera à sa place ? Les garants, bien entendu, c’est-à-dire entre autres les contribuables français, vers lesquels les parlementaires seront bien obligés de se retourner puisque la France est elle-même endettée jusqu’au cou. On est curieux de savoir en quels termes on va expliquer celà à nos parlementaires. Il ne s’agit pas seulement de ceux qui n’ont pas voté la monnaie unique mais de ceux qui, l’ayant votée, n’ont nullement consenti par avance à de tels engagements. Sont-ils conscients de l’énorme responsabilité qu’on entend faire peser sur leurs épaules ?

Michel Caldaguès, ancien sénateur