Belles-Soeurs à Québec

Je le crie haut et fort ici depuis longtemps, j’ai Daniel Bélanger tatoué bord en bord du cerveau depuis que ses Insomniaques s’amusent. Quant à Michel Tremblay… Je l’aime du même amour passionnel et dévoué que je réserve à Robert Lepage. Un club très sélect. C’est donc allégrement que ce soir, billet de Belles-Soeurs en main, je m’en allais vivre un trip à trois mémorable!

Si vous ajoutez à Bélanger et Tremblay le génie de René-Richard Cyr, en plus du talent et de la générosité d’une quinzaine de grandes actrices, ça devient la totale! Le genre de soirée où tu peux dire fièrement en quittant la salle de spectacle : “J’étais là!”.

J’avais déjà lu la pièce sans l’avoir vu sur scène, mais on connait à peu près tous le topo. Grande révolution théâtrale dans le Québec des années 60, un jeune auteur donne la parole aux femmes ordinaires et a le culot d’écrire ses textes en joual. Sa Germaine Lauzon gagne 1 million de timbres et organise une soirée de collage avec soeurs et amies, soirée ponctuée de crêpage de chignons, de mesquinerie, de vérités en pleine face, de petites vies…

Tout en respectant le propos d’époque avec costumes, coiffures et décors magnifiques, les chansons et la mise-en-scène se sont mis au service du grand texte de Michel Tremblay pour lui donner une cure de rajeunissement très réussie. On a presque l’impression de déjà connaître les mélodies accrocheuses des chansons, et les textes, d’une efficacité redoutable, bonifient le récit.

Certains tableaux sont d’excellents candidats pour devenir des pièces d’antologies : le numéro d’ouverture, celui sur les concours, le mariage ou, bien sûr, l’ode au bingo!

Vous l’aurez compris, aucune espèce d’objectivité dans ce billet. J’écris en étant encore sous l’effet de l’adrénaline, le même gros smile bien étampé dans le visage depuis les toutes premières minutes de la pièce. Comme soirée d’ouverture qui célébre le théâtre, le Carrefour international n’aurait pu trouver mieux!