Une de mes amies, enseignante à Villiers le Bel, vient de m’adresser un courriel de colère : une fois de plus, les médias – de droite comme de gauche – traitent de la vie des gens en choisissant de colorer la vie de peur et d’angoisse, plutôt que d’en montrer aussi la lumière :
« Bonjour à tous,
J'aime peu cet exercice du mail collectif mais il m'apparaît nécessaire aujourd'hui de contrecarrer les médias, de donner une autre parole sur le quotidien des personnes qui vivent, aiment, apprennent, travaillent, désespèrent, se recroquevillent, dans cette ville de Villiers le Bel.
Hier après-midi une de mes élèves de 5° a été poignardée par une autre du même âge. Elle n'est plus en danger, les professeurs titulaires d'un brevet de secourisme sont intervenus très vite, le SAMU et les pompiers ont suivi. Puis la police : interrogatoire pour ces petits témoins de 11 - 12 ans, reconstitution de la scène, photos, etc. Quadrillage du quartier pendant la soirée. Ce matin cellule d'écoute, présence de la police, du recteur. Et, et c'est là le problème, des télévisions.
Nous, professeurs, artistes, éducateurs, historiens, associations, travaillons au quotidien à dénouer comme nous le pouvons tout ce qui peut être porteur de violence, nous tentons par divers dispositifs de libérer la parole, d'affiner les sensibilités. D'apporter le savoir que nous avons reçu en tant que spécialistes de nos disciplines, en cherchant à le faire s'entrechoquer avec celui encore embryonnaire et fruste des jeunes, pour que nous grandissions tous en intelligence. Je dis nous tous, parce que ces enfants et adolescents, tout engoncés dans leur mal-être, les influences qu'ils subissent de la part de groupes parfois violents et sectaires, dans leurs rancoeurs vis-à-vis des représentants de l'état, sont pour beaucoup des intelligences vives et qui nous bousculent, nous évitent…