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Strauss-Kahn ou le très moderato cantabile

Publié le 26 mai 2010 par Ruminances

Posté par lediazec le 26 mai 2010

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Dans une culture où l'abréviatif envahit le discours, avouez que DSK sonne bien. Ça fait tout de suite plus fastoche à retenir que Dominique Strauss-Khan. Ça a l'avantage de l'efficacité et vous parachute un ego au firmament des vanités à vitesse supersonique.

Vrai qu'il devient de plus en plus difficile de réfléchir tant les choses vont vite. Tant la rapidité voulue par chacun devient un obstacle pour tous. Les idées vacillent, la langue fourche et la cohérence en prend pour son grade. A peine reçue, réduite à son plus simple appareil, l'information se doit d'être catapultée en toute hâte, de peur que le retard pris par la réflexion vous empêche d'être le premier à l'avoir relayée et parfois commentée.

De ce point de vue, Dominique Strauss-Kahn est un homme qui prend son temps. Il jauge, calcule, compte et pèse. A telle enseigne qu'on peut se demander si, fort de toutes ces équations, il ne cherche pas à se faire désirer pour mieux nous prendre à ses filets. Depuis l'Amérique, malgré la somme de travail qui le submerge, il prend le temps de penser aux françaises-français. Quel citoyen !

Ce natif de Neuilly-sur-Seine - encore un ! -, directeur général du Fonds monétaire international depuis 2007, connait la musique. D'accord, tout le monde n'est pas de droite pure et dure - la preuve - dans cette commune, mais avouez que le pourcentage y est quand même très élevé. Le tempo de DSK se décline dans le moderato cantabile. Comme le dit Anne Desbaresdes, prof de piano dans le livre éponyme de Marguerite Duras, au gamin buté à qui elle donne des leçons : « tu pourrais t’en souvenir une fois pour toutes. Moderato, ça veut dire modéré, et cantabile, ça veut dire chantant, c’est facile. »

Voilà, hâtivement résumé, le fonds de commerce de Dominique Strauss-Kahn. Homme pondéré, on sent cependant bouillir en lui comme l'idée d'un destin national. Pour l'instant ça mijote.

Il y a quelques jours, il était l'invité, en vedette américaine, de l’émission A vous de juger, sur France 2. Pour la circonstance, c'est l'équipe de Chabot qui s'est délocalisée à Washington. Le genre d'émission qu'on ne présente plus et qu'on donne au public pour lui faire miroiter des choses. A l'occasion elle sert pour passer les plats au locataire de l'Elysée.

L'homme est grand travailleur et, à ce titre, il n'a pas le temps de perdre son temps à dévoiler ses projets personnels dans la perspective de 2012.

En revanche, en bon professeur (il a enseigné à l'ENA à HEC et à l'université Stanford aux States où il a été prof invité) il nous a fait un numéro très didactique de charmeur de serpent pour nous expliquer en quoi consistait la crise européenne. Devant le poste, nombreux sont ceux qui ont ri à gencive déployée. Nous expliquer la crise alors que tout le monde l'a en pleine poire, cela ne manquait pas d'aplomb. C'est comme si nous prenions un gars qui crève la faim pour lui expliquer dans un Amphi pendant quatre heures le pourquoi de son état alors qu'il a urgemment besoin d'un casse-dalle et de beaucoup d'hydratation !

Pour lui, la mondialisation n'est ni un problème, ni une épidémie. La chose ne le fait pas sourciller. Il suffit de l'accepter telle qu'elle est. La vie est simple avec Dominique. Il est pour l'ouverture de capitaux. A l'époque où il était ministre dans le gouvernement Jospin, il avait milité pour que les entreprises nationales s'ouvrent à des capitaux privés. Ainsi d'EDF, entre autres…

La mondialisation pour lui est une course qui ne sera gagnée que par les plus forts. Ce n'est qu'à ce prix que les français (les autres on s'en fout !) peuvent espérer atteindre ce qu'on appelle dans le milieu du foot, la Champion's League ! Une défense de fer et un milieu en béton, voilà la recette. Pour cela, le français doit se montrer créatif et jouer en contre pour espérer planter un pion et réaliser ce qu'on nomme dans le milieu le « hold-up parfait ».

Homme de compromis, il ne voit qu'une solution pour la gauche, qu'elle bazarde ses guenilles, à la rigueur qu'elle les offre à un musée de la mémoire ou à la Croix Rouge et qu'elle s'ouvre sans complexe à la voie de la social-démocratie.

Alors candidat ou pas candidat aux primaires du PS pour la prochaine présidentielle ?

Au PS, ça tousse un brin quand même. Il y a encore des militants de gauche dans ce parti. Reconnaître l'abandon des idéaux socialistes au profit d'une idée bancale serait simplement désastreux pour sa dynamique. Le hara-kiri ne faisant pas parti des projets immédiats.

Même si, publiquement, Martine Aubry reconnaît à Dominique Strauss-Kahn des qualités, je ne pense pas qu'elle se montrera disposée à lui donner les clés de la boutique socialiste.

Une chose est sûre : le rejet de la politique insolente de Nicolas Sarkozy, ne doit pas conduire les opposants à faire ou à accepter n'importe quoi.

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