Première mi-temps
Nicolas Nkoulou : Nicolas 1er de Monaco a été égal à lui-même. Vigilant et généreux, il s'est encore employé à montrer qu'il est dans cette équipe l'héritier de Doumbé Léa : un libéro des Lions à la technique irréprochable.
Marcel Ndjeng : a bien occupé son couloir droit. Mais le manque d'adresse de ses coéquipiers ne lui a pas permis de montrer de quoi il est réellement capable. La fin de la mi-temps fut cependant meilleure : on l'a vu pousser quelques dangereuses incursions dans le camp adverse.
Insolite :à la 29eminute, tout le banc camerounais enfilait la burqa. Heureusement que le match ne se jouait pas en France !
Idrissou :le système de jeu adopté les 35 premières minutes n'était pas fait pour lui. On l'a vu mieux s'exprimer dans les 10 dernières minutes de la mi-temps, lorsque le groupe s'est rendu compte que le Cameroun n'est pas le Barça, et que les milieux et les défenseurs se sont mis à balancer vers l'avant. Pour revenir à Idrissou, les buts qu'il rate aux 18e, 43e, 55e, 78e et 83e minutes minutes prouvent que s'il est un joueur grand, il en faut de beaucoup pour qu'il soit un grand joueur.
Alexandre Song : a trop bien entendu nos reproches. On avait l'impression qu'il se débarrassait des ballons vers l'avant, alors qu'il y avait parfois moyen d'effacer un ou deux adversaires et de créer des brèches pour ses attaquants. Pas très en confiance, le cadet des cousins Song a loupé deux ou trois contrôles, et pour un joueur de sa qualité, ça se remarque.
Makoun :"Sergent" a beaucoup bougé dans l'entre-jeu. On sentait qu'il avait compris que c'est dans son secteur que les larmes risquent de couler le jour des résultats. Son activité dans le milieu bas n'a pourtant pas été très fructueuse. Aucune de ces passes dans le dos de la défense qui sont sa spécialité, aucun décalage créé, aucune permutation avec Alexandre Song afin d'aller porter le surnombre en attaque. Jean II Makoun, joueur très intelligent, était orphelin de Samuel Eto'o.
Mevoungou :à quel poste évoluait le canonnier ? Il faut espérer que PLG ne lui a pas demandé d'organiser le jeu, parce qu'on serait alors obligé de lui mettre un zéro pointé. En tout cas, il n'était ni attaquant, ni défenseur, ni milieu de couloir. La question demeure : quel était son rôle ?
Webo : c'est fou ce qu'un brassard peut vous galvaniser un homme. Belle ouverture à la 18e minute sur laquelle Idrissou se rate face au gardien.
Ndy Assembe :Pas de chance pour lui, la Georgie n'est pas le Brésil. "Esperanto" n'a donc eu aucune occasion de montrer sa classe. Le Valenciennois a finalement passé une après-midi tranquille, ce qui n'était pas forcément son souhait. Heureusement pour lui, la moins bonne prestation de son challenger en deuxième période fait remonter sa cote, mécaniquement.
Abouna Ndzana :Même pas complexé, le galactique (de Douala) a évolué au même niveau que la pléïade de professionnels qui l'entourait. Après, ne comptez pas sur moi pour vous dire si c'est lui qui s'est hissé à leur niveau ou si ce sont eux qui se sont mis au niveau de l'Elite One, histoire d'aller montrer aux Autrichiens la "culture" de chez nous. En tout cas, l'homme qui venait du froid a bien tenu son couloir gauche. Mais c'est un droitier, et ça se voit trop. Bref, Assou Ekotto peut dormir tranquille.
Kouemaha :Depuis le premier match joué par ce jeune homme au sein de l'équipe nationale, on a une impression de gâchis. Mais que fait-il sur le côté ? Ses atouts sont : percussion, combattivité et un peu de technique. Ses points faibles : manque de vitesse et placement aléatoire. Bref, le contre-exemple parfait de l'ailier moderne. Mais la présence d'Idrissou et de Webo, ses aînés, l'obligeait à "se chercher" ailleurs que dans l'axe de l'attaque. La "culture" encore, dirait sans doute PLG.
Aurelien Chedjou :Après une CAN calamiteuse, le lillois devait montrer qu'il n'est pas juste une machine à gaffes. Pari à moitié gagné. On dira qu'on n'a pas vu à la 78eminute ce ballon dégagé de la tête, mais dans la mauvaise direction ; heureusement, ça se jouait à droite des cages de P. A. Tignyemb. En dehors de cet incident, on peut saluer une très bonne prestation du "Che" : de la présence physique, de la technique et une assurance de plus en plus affirmée. Le reste se passe dans la tête, comme on dit au pays.
Rigobert Song : a passé un après-midi tranquille. "Magnan", n'ayant rien à se mettre sous la dent, nous a sorti un ou deux tacles absolument inutiles, mais forcément spectaculaires. Il ira en Afrique du Sud, pour des raisons "culturelles". Il y aura donc deux horreurs au pays de Mandela cet hiver : la vuvuzela et la coiffure de Rigobert Song.
Deuxième
mi-temps
Idrissouétait toujours là. Même prestation qu'en première mi-temps. Sa tendance à louper le cadre s'est renforcée avec la fatigue. Sinon, RAS.
Tignyemb :redoutant de passer aussi inaperçu que son collègue en première mi-temps, le gardien au prénom romantique a tout fait pour montrer qu'il était serein. Résultat : il nous sort une geremiade (passe involontaire vers l'adversaire) à la 57eminute. Il se rattrape heureusement et récupère le ballon. Devenu fébrile à la suite de ce geste, il relâche un ballon plutôt tranquille 3 minutes plus tard. Si les attaquants géorgiens avaient été plus adroits, on saurait désormais qui n'est pas le troisième gardien pour l'Afrique du Sud. NB : Patrick est un amour, mais son coiffeur devrait être exilé au sommet du mont Eyjafjöl.
Bassong :solide, vigilant et appliqué, le "Spur", même pas perturbé par l'absence de son compère Ben, était le patron de la défense en cette deuxième mi-temps. Il ne lui reste plus qu'à confirmer face à une équipe plus rude.
Aboubakar Vincent :ça fait plaisir de revoir enfin un attaquant camerounais na-tu-rel-le-ment doué. On sent en effet qu'il ne manque au cotonnier que l'expérience du haut niveau pour qu'il prenne son envol : il a beaucoup provoqué les défenseurs adverses, et il est passé quasiment à chaque fois. Du mouvement, de l'intelligence et une grosse envie de jouer, au sens premier du mot. Vivement une association avec Eto'o !
Makadji Boukar :très bon dans son couloir droit, il a montré une assez bonne technique et un sens du placement appréciable. Il va falloir s'habituer à ce nouveau Boukar.
Landry Nguemo :de la présence, de la volonté, une technique assez bonne, mais il gagnerait à densifier son jeu. Si Nguemo était un club, il serait comme Aston Villa : toujours dans le ventre mou du classement. C'est le genre de joueur qu'on oublie deux fois : la première fois quand on décide qui n'ira pas en Coupe du Monde, et la deuxième fois quand on désigne les titulaires.
Geremi Njitap :bizarrement positionné en milieu axial. Est-ce parce qu'on ne compte plus sur lui à droite ? Ce serait un mauvais signe pour lui, car le Cameroun possède tellement de bons milieux axiaux qu'on pourrait en exporter en échange de quelques devises. Njitap, en tout cas, est toujours aussi précieux sur les balles arrêtées.
Joël Matip :il a fait le boulot. On a pu apprécier son sens du placement, sa technique et sa touche de balle extraordinairement juste, avec cette fausse nonchalance qui est décidément la marque de la grande famille Job-Matip. Un seul regret : comme en première mi-temps, on n'a pas vu les deux milieux récupérateurs jouer ensemble, puis avec les milieux offensifs. Il faut de toute urgence travailler des automatismes sûrs dans ce secteur.
Dans l'ensemble : face à la Géorgie qui n'est pourtant pas un foudre de guerre, le Cameroun fait un match nul sans saveur. Les deux groupes qui se sont succédé n'ont pas montré grand chose, à part des balles amorties, des passes (une grosse quantité de passes latérales, comme au handball) et quelques timides mouvements d'attaque. Tout cela manquait de cohésion et d'automatismes.
En consultant la liste de ceux qui n'ont pas joué (Assou Ekotto, Mbia, Emana, Enoh, Eto'o...), on se dit qu'on n'a sans doute pas vu aujourd'hui l'équipe-type de la Coupe du Monde. Il reste néanmoins beaucoup de travail à faire pour que ce groupe vive ensemble, au sens footballistique du mot.